La pluie jaune
de Julio Llamazares

critiqué par Soldatdeplomb4, le 17 février 2011
(Nancy - 34 ans)


La note:  étoiles
L'expérience de l'extrême solitude
Dans le village d'Ainielle, le personnage (qui d'ailleurs n'a pas de nom) vit désormais seul. L'exode rural, les suicides, les morts prématurés ayant vidé les rues de ses habitants. Pourtant, pas question de partir. Pour aller où? Pourquoi? La possibilité ne lui traverse d'ailleurs pas l'esprit.

Le texte a des relents proustiens par moment, où le personnage, laissé seul face à ses souvenirs, tente de se remémorer encore et encore, en tant que dernier support de la mémoire perdue de ce village, les évènements et les hommes qui ont pris place à Ainielle. Mais la solitude de cet homme devient encore plus étouffante lorsqu'il arrive au bord de la folie, seul face à la mort. Comme si Llamazares dilatait le moment du trépas pour décrire ce que ressent l'homme face à l'inconnu terrifiant... Il s'agit là d'un récit dépouillé qui ne met en scène finalement que la solitude profonde d'un homme (d'ailleurs aucun dialogue ne vient émailler le texte) face à l'immensité de l'absurdité de la vie, et du temps qui passe.

Cet écrivain est fascinant de justesse et de poésie. Ses mots touchent juste, et parlent de ce qu'est l'homme... Vaste projet, pour un petit livre très réussi !