Un père pour mes rêves
de Alan Duff

critiqué par CC.RIDER, le 15 février 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Racisme à tous les étages
Pendant la seconde guerre mondiale, en Nouvelle Zélande, une jeune mère maori, dont le mari se bat sur le front européen, a une aventure avec un soldat américain de passage. Il en résulte la venue d'un enfant assez clair de peau qu'elle appelle Mark, mais que tout le village rejette en l'affublant du surnom « Yank ». Quand Henry, le mari, rentre au pays en héros, il découvre son infortune et c'est le drame. Il frappe sa femme, maltraite Mark et le traumatise en ne lui adressant jamais la parole et en agissant comme s'il n'existait pas. L'enfant se réfugie dans le rêve et dans la musique, celle des Noirs du Mississipi, le blues, la soul et les débuts du rock n' roll. Il se représente son père comme une sorte de John Wayne ou d'Elvis Presley et s'imagine qu'il est fortuné. Un jour, cet homme envoie une lettre à sa mère et une correspondance débute entre le père et le fils. Devenu musicien professionnel, Mark finit par aller aux Etats-Unis pour y découvrir que son père est noir, pauvre et victime de la ségrégation raciale.
Livre intimiste et social, « Un père pour mes rêves » aborde de front le thème du racisme, de l'exclusion, du rejet de l'autre et de la haine en général. On y découvre d'abord le quotidien de familles maories intolérantes, ravagées par l'alcoolisme et la violence, puis, dans la deuxième moitié de l'ouvrage, les monstrueuses conditions de vie des Noirs du Sud des Etats-Unis, les exactions du Klu Klux Klan (assassinats, lynchages, tortures), les difficultés rencontrées par le mouvement des droits civiques et la longue et douloureuse marche des Noirs vers l'émancipation au début des années 60. Dommage que l'auteur ait un style si lourd et si répétitif. Il fait parler un à un les protagonistes (à la première personne, obligeant le lecteur à faire des efforts pour savoir qui parle), présente le même événement selon plusieurs témoins, ce qui occasionne de lassantes répétitions, n'utilise pas de ponctuation dans ses dialogues et s'étend en longues descriptions assez soporifiques. Un thème intéressant, une histoire et des personnages émouvants, le tout gâché par une écriture rébarbative.