Un homme ébranlé
de Pascale Kramer

critiqué par Hexagone, le 10 février 2011
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Kramer conte le cancer.
Kramer conte le cancer.

Je le dis souvent, il est des auteurs comme des gens dans la vie. Les rencontres se font fortuitement, et parfois de manière bienheureuse.
Pascale Kramer m'était inconnue jusqu'à présent. C'est au détour de pérégrinations radiophoniques que j'ai découvert cet auteur qui n'en est pas à son coup d'essai.
Le sujet " D'un homme ébranlé" c'est celui du cancer, mais pas seulement.
Pour résumer l'histoire en deux mots:
Claude est atteint d'un cancer en phase terminale. Simone l'accompagne avec dignité sur ce bout de chemin qu'il lui reste à faire. Il se trouve que Claude a eu naguère un fils avec une relation adultère, et ce fils débarque pour un court séjour dans la maison de Claude.
On imagine très bien tous les non-dits, les situations embarassantes que peut créer ce genre de situation.
Pascale Kramer ne plonge pas tête la première dans ce qui pourrait être une étude de moeurs banale et formatée.
Son style d'écriture empêche de formuler son récit de manière conventionelle.
Effectivement, l'auteur use d'un style revêche à la facilité, précis, incisif, en deux mots elle porte l'estocade et fait mouche, laissant au lecteur l’effort de se saisir du récit pour extrapoler les situations et les mettre en scène.
Ici tout est sobre, pas de dialogue, pas de longues descriptions. Une écriture presque ascétique, concise qui néanmoins s'imprime dans l'esprit du lecteur.
Pascale Kramer dépouille l'écriture au point de mettre les sentiments à nu.
Elle visite les émotions humaines exacerbées par la maladie, elle dépeint avec justesse une société péri-urbaine rongée par les cités et la délinquance, tout ceci dans la flamboyance des forsythias.
Elle évoque la fratrie, l'indifférence, la solitude et les regrets.
Il convient de dire que c'est un récit triste, sans concession, aussi froid qu'une radiographie annonçant une mauvaise nouvelle. Car personne n'est dupe, l'injustice de la vie empoignera tous ces destins qui semblent impossibles à être réunis.
Un livre court, coup de poing, qui vaut ce petit effort qu'il faut faire pour s'en imprégner et le digérer.
Cancer et témoins 7 étoiles

Pascale Kramer évoque la maladie grave et potentiellement mortelle sous une tournure particulière, puisque le narrateur n'est autre que la compagne d'un homme atteint d'un cancer métastasé. Ce n'est pas le malade qui parle, mais son plus proche témoin, ce qui donne une dimension touchante et singulière à ce roman. Sans tabou, cette femme nous révèle son quotidien et surtout son ressenti vis à vis de l'homme qu'elle a côtoyé durant des années et qu'elle n'a peut-être jamais vraiment aimé, sa difficulté à éprouver de la compassion pour lui, les tabous qui s'instaurent, l'épuisement, l'incompréhension.
Un autre intrus a débarqué à la même période dans la vie de couple ; un enfant devenu adolescent que l'homme a eu avec une autre femme. Il s'agira alors d'aborder aussi la thématique des familles recomposées et des non-dits. Ce n'est pas la partie de l'histoire que j'ai préféré, je pense que j'aurais préféré que l'écrivain exploite plus le sujet de la maladie et du vécu de l'entourage plutôt que de développer le récit sous deux tournures.

Le style d'écriture de P Kramer est simple. C'est un livre qu'on découvre avec plaisir, mais dont on oubliera sans doute bien vite le contenu.

Elya - Savoie - 34 ans - 21 janvier 2012