De l'autre côté des vagues
de Isabelle Kerstenne

critiqué par Sahkti, le 30 janvier 2011
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Partir pour se (re)trouver
Leila est un mélange d'Orient et d'Occident, une jeune femme qui se cherche et part pour mieux se retrouver. Elle décide de marcher, de partir à la conquête de ses racines et de son histoire, transportant avec elle des fantômes plutôt lourds et des histoires qui marquent toute une vie. Une promesse faite à sa mère morte.
A travers chacun de ses pas, Leila se souvient. De son père qui est mort. De sa mère qui l'a suivi de peu. Du cancer qui a fini par l'attraper. De son compagnon, de son fils. De sa vie. De ses espoirs aussi, tout comme sa crainte de ne pas y arriver et d'être déçue.

L'auteur emploie une narration à double voix. Celle de Leila lorsqu'elle évoque ses souvenirs. Celle de l'observateur qui parle à la jeune fille pendant son périple, qui l'encourage, qui pose le doigt sur ses blessures, qui raconte à sa place ce qui ne peut être dit.

Isabelle Kerstenne laisse de côté la sensiblerie, elle lui préfère la pudeur et une certaine forme de fermeté dans sa manière de s'adresser à son personnage. Une rigueur qui n'empêche cependant pas la douceur et la tendresse de s'installer dès les premières pages. Le lecteur accompagne la jeune femme, il a envie de la soutenir, de la secouer, de l'aider. D'y arriver lui aussi, tout comme elle.
Se mêlent à ce périple initiatique les difficultés d'être un "entre-deux culturel", ces repères qui vacillent d'un monde à l'autre sans que jamais on ne sache avec certitude auquel on appartient réellement.

Un des points forts de ce roman est le temps que prend Isabelle Kerstenne pour raconter. Petit à petit, les richesses apparaissent, les traits se renforcent, la renaissance se dessine à travers ce besoin de conquérir une existence, la sienne.
Quitte pour cela à renier une partie de soi, à laisser derrière soi ceux que l'on aime (parfois un peu de révolte du lecteur face à cela), à nourrir ses pas de rencontres incertaines et de tensions diverses.
Se chercher pour mieux se trouver en quelque sorte, mais se trouve-t-on jamais vraiment un jour? Je n'en suis pas sûre. L'auteur laisse les portes ouvertes... et c'est très bien ainsi.