Philosophie sentimentale de Frédéric Schiffter

Philosophie sentimentale de Frédéric Schiffter

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par CC.RIDER, le 10 janvier 2011 (Inscrit le 31 octobre 2005, 65 ans)
La note : 9 étoiles
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Charmante vulgarisation philosophique

A travers dix auteurs, philosophes ou non et dix citations : Nietzsche : «Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour soi est un esclave », Pessoa : « Vivre une vie cultivée et sans passion, suffisamment lente pour être toujours au bord de l'ennui, suffisamment méditée pour n'y tomber jamais », Proust : « Les idées sont des succédanés des chagrins », Schopenhauer : « L'histoire d'une vie est toujours l'histoire d'une souffrance », l'Ecclésiaste : « Ne sois pas trop juste, ne pratique pas trop la sagesse : pourquoi te rendre ridicule ? », Montaigne : « Le but de notre carrière c'est la mort », Chamfort : « La meilleure philosophie, relativement au monde, est d'allier à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l'indulgence du mépris », Freud : « Homo homini lupus : qui aurait l'audace, devant les enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ? », Rosset : « L'état « bordélique » est l'état fondamental de toute chose » et Ortega y Gasset : « L'amour est la tentative d'échanger deux solitudes », Schiffter, professeur de philo dans un lycée du Sud-Ouest, nous propose sa vision très personnelle de la philosophie.
On comprendra que ses choix sont parfaitement parcellaires et subjectifs et que lui-même se considère comme un « penseur » atypique, dilettante, au sens noble du terme, nihiliste non conformiste et anarchiste non-violent. Il donne d'ailleurs une magnifique définition du terme : « L'anarchie n'est pas pour moi une option idéologique, ni un idéal à atteindre, une utopie alternative à la forme de désordre social qu'il combattent. Elle m'apparait comme la réalité même du politique. La mère et la reine des sociétés, des nations, des empires, dirait le sage d'Ephèse. De quoi me pousser au fanatisme de l'inaction. » Il ne se fait aucune illusion sur la bienveillance de ses semblables : « Le flegme philosophe de Philinte ? Soit. A condition de bénéficier d'un port d'armes. » Il n'aime guère les pédants, les donneurs de leçons ou les marchands de bonheur et n'a que mépris pour les successeurs de Freud, tels Reich, Lacan ou Lévinas. En bon humaniste, il se sent plus proche de Michel de Montaigne. Un joli essai, intelligent, un peu mélancolique mais très agréable à lire dans lequel, à défaut d'un art de vivre, le lecteur apprendra quelques petites choses amusantes sur nos grands penseurs. Spinoza organisait des combats d'araignées. Kant invitait des inconnus à sa table car il détestait manger seul. Et Platon était absent quand Socrate but la ciguë au milieu de ses amis. Charmante vulgarisation qui changera des sottises habituellement couchées sur papier blanc...

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