La philosophie chrétienne et orientale de l'art
de Ananda Kentish Coomaraswamy

critiqué par Patmos, le 8 janvier 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Recouvrer une vue sur l'Art.
Voici un ouvrage indispensable à ceux qui trouvent étriquée la “conception” moderne de l’Art, à ceux qui sentent que l’Art véritable est tout sauf une fantaisie seulement humaine, à ceux qui se questionnent suffisamment pour oser le contre-courant. Coomaraswammy, longtemps conservateur du Musée des Beaux Arts de Boston, était une montagne d’érudition, un chercheur de premier plan, un incroyable linguiste, et surtout un métaphysicien. Nous revisitons donc ici la définition même de l’Art. Mieux, celui-ci prend à travers cette approche un rôle que nos contemporains ne peuvent qu’ignorer, puisqu’il serait porteur d’une transcendance niée depuis le retournement subjectiviste de la Renaissance, sur lequel s’appuie tout un pan de la modernité. En effet “l’art est essentiellement symbolique et n’est qu’accidentellement illustratif ou historique (..) que même le plus grand art n’est qu’un moyen en vue d’une fin, que l’art scriptural lui-même n’est qu’une manière de “voir, obscurément, à travers un verre” et que si cela est infiniment mieux que de ne rien voir du tout, l’iconographie n’a plus d’utilité quand nous voyons Dieu en face.” Foin des délires individuels basés sur une soif de reconnaissance qui caractérisent la grande majorité des “oeuvres” de notre époque, le véritable artiste serait anonyme, véritable artisan d’une réalisation porteuse des réalités supérieures. Le point de vue du spectateur est bien entendu envisagé dans toute sa rectification, les considérations esthétiques justement réduites à leur seul domaine sensuel, l’exposition “muséale” questionnée, l’évincement de la symbolique dénoncée. Et toujours cette grille de présentation universelle, pluri-culturelle, qui désenclave la conscience d’un autisme grégaire toujours menaçant. A redécouvrir pour tout amoureux du Beau et du Vrai. Pour les autres, cet ouvrage changera à jamais leur abord de l’Art.