Andromaque de Jean Racine

Andromaque de Jean Racine

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre , Littérature => Francophone

Critiqué par Bolcho, le 25 mars 2002 (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (767ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 14 828  (depuis Novembre 2007)

Pour qui sont ces serpents...

Imaginez un type, Oreste, amoureux d’une jolie nana, Hermione. Banal non ? Mais Hermione en aime un autre, Pyrrhus, qui lui, convoite une certaine Andromaque, troyenne veuve d'Hector qui compte bien rester fidèle à son souvenir. La scène est dans la ville de Troie dont les cendres sont encore chaudes. Pyrrhus est la puissance occupante et il menace Astyanax, le jeune fils d’Andromaque, dans l'espoir de faire céder celle-ci (chacun ses techniques de séduction n’est-ce pas). Imaginez maintenant. Vous avez 15 ans et vous en pincez sérieusement pour Gertrude, votre voisine de palier, elle-même follement amoureuse de Raymond, celui qui le mois passé vous a subtilisé le premier prix de rédaction.
Tout est en place pour une lecture passionnée. Vous voilà Oreste et il faudra bien un jour prochain que vous lui disiez, à la cruelle Hermione qui ne vous accorde que son amitié : « Je vous entends. Tel est mon partage funeste : Le cœur est pour Pyrrhus, et les vœux pour Oreste. » Et si elle ne cède pas, il sera toujours temps de sombrer dans la folie, torturé par les filles d’enfer, et pourtant, Hermione, « L’ingrate mieux que vous saura me déchirer ; Et je lui porte enfin mon coeur à dévorer ». Maintenant, si vous êtes fille et que vous préférez camper le personnage d’Hermione, libre à vous d'être cruelle… J'ai épongé mes premiers désespoirs amoureux sur les manches d’Oreste. Et n'imaginez pas, jeunes gens, que les personnages sont dégoulinants de niaiserie. Non ! Ils vont jusqu'au sang s'il le faut. Et comme chacun sait, en la matière, il le faut n'est-ce pas. Bonne lecture si l’école ne vous a pas trop abîmé les neurones gustatifs. Et si après vous réussissez à prénommer votre premier fils Astyanax, c’est que vous êtes plus têtu que moi, dont la compagne a été absolument rétive à ce bel hommage. Toutes des Hermione je vous dis.

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Je t'aime, et ne pas m'aimer est chose ingrate !

9 étoiles

Critique de Froidmont (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 32 ans) - 10 mars 2024

Le Messager

Je viens, sagace roi, du royaume d’Épire
Vous porter ses nouvelles.

Nestor

Les meilleures ?

Le Messager

Non, les pires.
Pyrrhus a souffleté l’honneur de tous les grecs
En rejetant Hermione d’un ton vif et sec.
Il lui a préféré la beauté ennemie
De la femme d’Hector dont il a fait sa mie.

Nestor

Oreste a donc échoué.

Le Messager

Oreste a fait passer
Les élans de son cœur avant nos intérêts.
Pour l’éclat d’un regard, pour les charmes d’Hermione,
Il est devenu lion aux pieds de sa lionne.
Le fauve a déchiré et répandu le sang,
Sûrement encor frais tant le meurtre est récent,
De l’auteur de ses maux, de l’auteur de l’outrage
Qui avait refusé Hermione en mariage.

Nestor

Que m’apportes-tu là ? Pyrrhus est mort, tu dis ?
Et de la main d’un grec avant qu’aucun édit
N’autorise en Épire une officielle attaque !
Maudite est la beauté de la traître Andromaque …


J’ai adoré relire ce petit bijou. Le style en est si fluide et se passe d’ajout !
Toutefois Hermione bien plus qu’Andromaque est la proie du destin qui s’acharne et qui traque, car Andromaque avait une solution pour piéger le destin et tromper les passions. Mais c’est très racinien d’aller nommer sa pièce non par le point de chute où frappe avec ivresse quelque destin rageur au coutelas brillant, mais par le point de mire où tous vont regardant.
Par contre j’ai trouvé, qui n’est pas un problème, que Racine y faisait d’assez patauds dilemmes. Ils ne sont pas mauvais, simplement moins construits que ceux du grand Corneille en ses propres écrits.
Mais sur cette critique, j’avoue, je pinaille. Ce reste un monument que la beauté émaille.
Il est une pensée qui en lisant me vint. Je me suis amusé des héros masculins assénant du « cruelle » aux femmes courtisées pour ce que leurs amours ne sont pas partagées. Eh quoi ! La femme aimée a-t-elle pour devoir de plier sous le joug, de se mettre au pouvoir du premier amoureux qui lui vendrait la lune lorsque cette tendresse lui est importune ? Cette misogynie, coutumière en ce temps, fait la femme soumise du père à l’amant.

Une pièce magnifique

9 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 6 juin 2020

Je voue à Andromaque une immense admiration. C’est une pièce tout simplement magnifique dans tous ses aspects. La langue de Racine y déploie une très grande sobriété de vocabulaire, ce qui fait que, en dépit du phrasé propre au théâtre en vers (je pense aux inversions de termes grammaticaux par exemple) je trouve qu’elle a très peu vieilli. Les vers sont très beaux, les inconstances et la folie du cœur humain y sont décrites de façon saisissante mais fort juste par Racine : voyez ce passage où Pyrrhus décide d’oublier Andromaque mais pourtant ne fait que de parler d’elle, comme lui fait remarquer amèrement le vieux Phoenix. Les émotions et la tension sont rendues à leur maximum à travers ces inextricables histoires d’amour qui s’enchevêtrent.. Comme le disait, je m’en souviens encore car cela m’avait marqué, le « dossier pédagogique » annexé à l’édition lue au lycée : « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort ».

Cela me frappe encore plus maintenant que je viens de lire récemment l’Iliade : la Guerre de Troie hante Andromaque. En particulier je n’avais pas compris, je ne sais pas pourquoi, que Pyrrhus (Néoptolème dans l’Iliade) est le fils d’Achille qui a tué Hector, Pyrrhus qui veut épouser sa veuve, Pyrrhus qui a lui-même massacré une partie de la famille royale de Troie. Le tableau du sac de la ville, brossé par Andromaque, est d’ailleurs terrible. Le sort de la princesse évoque pour moi celle des autres femmes de la ville dépeint par Euripide dans cette autre splendide œuvre qu’est Les Troyennes. Je me demande si Racine, en s’éloignant délibérément des traditions classiques (Astyaniax le fils d’Andromaque et d’Hector est sensé avoir été tué lors de la prise de la cité par Pyrrhus/Néoptolème en personne !), n’a pas voulu donner comme une « seconde chance », une sorte de revanche à Andromaque et à son fils l’héritier du trône de Troie.

Une forme de perfection

10 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 8 juillet 2018

Il n’est pas absolument nécessaire d’avoir lu Homère ou Euripide ou autres sources pour apprécier cette pièce de Racine. Ce serait toujours un plus, certes, mais la version d’Andromaque de Racine, quoiqu’elle ne soit pas entièrement conforme aux sources antiques, peut s’apprécier pour elle-même, ne serait-ce que déjà pour ses vers seuls pour leur beauté et leur homogénéité parfaite, mais aussi pour son intrigue sans (trop de) détours remplies de passions violentes sans (presque de) concessions !

Une forme de perfection qu’à atteinte là Racine, avec cette œuvre, comme peut-être avec toutes les autres tragédies qu’il a créées. Certains arrivent plus facilement que d’autres à créer des chefs d’œuvres. Pourquoi ? Allez savoir ! Toujours est-il qu’avec Racine, on peut être toujours assuré (du moins pour moi qui en est à sa 4ème pièce de théâtre tragique que je lis de lui) d’avoir du plaisir.

Cerise sur le gâteau, avec l’édition que j’ai eu en main, il y a un dossier qui explique la genèse de l’œuvre, les sources auxquelles Racine a puisé avec des extraits de L’illiade de Homère et de pièces d’Euripide et de Sénèque, une étude de la structure du texte avec ses thèmes et ses analyses du caractère des personnages, qui permettent de mieux saisir les tenants et aboutissants de la pièce, et un récit sur l’accueil qu’ a reçu la représentation de la pièce du vivant de l’auteur, ses interprètes sur scène, sur son succès, sur les critiques qu’on lui a fait, etc. Toujours très intéressant à découvrir et à connaître. C’est un véritable plus qui donne des clefs de compréhension de l’œuvre.

3,5 étoiles!

7 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 40 ans) - 31 août 2010

Andromaque est une pièce de théâtre écrite par Jean Racine. Le style de l'auteur, d'un bon niveau, est classique. L'intrigue est plutôt prenante, tragique. Un drame dépouillé, légèrement daté. Un grand classique indispensable.

"Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle?" Hermione

9 étoiles

Critique de Alouette (Seine Saint Denis, Inscrite le 8 mai 2008, 38 ans) - 11 juin 2008

Tout le génie de Racine résumé dans cette tirade...
Ce livre pourrait être résumé en une seule phrase: comment tomber amoureux de la mauvaise personne ?
Les personnages se cherchent, se mettent à l'épreuve et se servent les uns des autres pour prouver qu'ils ont encore de l'emprise sur quelqu'un.
Racine a repris et mélangé plusieurs versions du mythe d'Hermione (qui est pour moi le personnage principal de la pièce) de Virgile, Ovide et Euripide. Il s'est simplement démarqué de ses prédécesseurs en développant le caractère des personnages, en adaptant certains aspects du mythe (comme il l'avait fait pour Iphigénie) et surtout en changeant la fin.
J'ai mis un certain temps avant de pouvoir vraiment entrer dans l'intrigue à cause des alexandrins (je devais être trop jeune à l'époque, c'était en 4ème) mais le jeu en vaut la chandelle.

Oui, classique mais...

8 étoiles

Critique de Elyria (, Inscrite le 25 mars 2006, 32 ans) - 1 avril 2007

Pour moi cette histoire n'est pas démodée pour un sou et ne le sera jamais puisqu'elle parle de ce problème universel qu'est d'aimer sans l'être en retour, ce rapport si particulier qui se forme avec l'autre entrainant la haine, la folie, la rage etc. Mais cette pièce parle aussi de la douleur de perdre l'être aimé, même si ici cette douleur est mise en arrière plan, elle est récurrente.
Pour moi cette fidélité et cet honneur ne me semblent pas excessifs, comment pourrai réagir Andromaque, pilier de vertu au milieu de ces fous déchaînés par leur passion amoureuse, aussi, au milieu de ce triangle de fougue formé par Pyrrhus, Hermione et Oreste s'en forme un autre de calme, de douleur sourde parfois: Phoenix, Andromaque et Pylade.
N'oublions pas aussi cet enfant, absent de la pièce, à mon sens pour signaler l'absence d'avenir de tous ces personnage à long terme: sans enfant bien présent dans cette pièce, pas d'espoir de changement!

Bref, cette pièce m'a plu et les alexandrin rendent, je trouve tout cela fluide et poétique.

très belle histoire

8 étoiles

Critique de Cami27 (, Inscrite le 13 février 2005, 34 ans) - 13 février 2005

C'est une très belle histoire mais un peu dure à comprendre.
Je l'ai lue avec l'école, il y a deux ans (j'avais 12ans) et je n'éprouvais pas tout le plaisir que j'aurais pu ressentir si je le comprenais (on avait des explications du prof toutes les deux lignes)

tragique...

8 étoiles

Critique de Piper (, Inscrite le 3 novembre 2004, 33 ans) - 3 novembre 2004

une tragédie qu'on a enfin envie de lire! Andromaque n'est peut-être pas la meilleure tragédie de Racine mais c'est celle que j'ai le plus appréciée. Même si le cadre de l'histoire est banal, les personnages sont ancrés dans notre réalité

Joliment dit!

10 étoiles

Critique de Elvire (Wavre, Inscrite le 19 novembre 2001, 80 ans) - 2 avril 2003

Sujet grave, s'il en est! Ce n'est pas pour rien que c'est une tragédie. Mais l'humour de Bolcho, qui nous amène Racine sur son palier, m'a bien fait rire. L'amour est vraiment difficile et si peu raisonnable. Cinq étoiles pour la critique. Quant au livre, comme dit Lolita..? Qui remplirait encore une salle de théâtre avec "Andromaque"? Peut-être la Comédie Française, avec entrée gratuite pour les nostalgiques.

tragédie classique...

3 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 2 avril 2003

je suis bien d'accord avec vous l'histoire est plaisante. Elle m'a d'ailleurs énormément plu. Ce qui m'a moins plu c'est la manière dont est écrit le livre : les alexandrins... Pas toujours facile à comprendre et un brin ennuyant. Je préfère les histoires modernes. Mais chacun ses goûts

Racine, Corneille, même combat!

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 25 mars 2002

Et Stendhal qui s'est fendu d'un "Racine et Shakespeare" pour démontrer le romantisme (moderne) du citoyen de Stratford-on-Avon versus le classicisme (ringard) de Racine! Et pourtant! Tout le monde est fou dans cette histoire. Tout le monde. Sauf Andromaque. Et encore... folle de fidélité, folle d'honneur, folle de noblesse, folle d'amour maternel... Les autres? Tous fous d'amour. Tout le monde aime, personne n'est aimé en retour. Tout est là. Tout tient dans cette tragédie où le sujet veut sans obtenir, où l'objet subit sans s'offrir : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime un mort - et le fils d'un mort. Là s'arrête la chaîne, faute de combattants. Sur le rocher Andromaque se brisent les vagues furieuses de la passion des autres. La passion qui rend fous le roi Pyrrhus, prêt à lui sacrifier jusqu'à son honneur; la noble Hermione, prête à lui sacrifier jusqu'à sa vie, jusqu'à la vie de celui qu'elle aime; le brave Oreste, enfin, fils maudit d'une famille maudite, qui lui sacrifiera sa raison. Bien malgré lui, et c'est ce qui le rend si pitoyable, si humain, si semblable à nous.
Merci, Bolcho, d'attirer notre attention sur cette grande tragédie où se débattent la mort, l'amour, le pouvoir, la passion, la folie, tout ce qui fait et fera toujours la vie des hommes.

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  amour ou honneur ?? 7 Winess 2 mai 2007 @ 11:25

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