La Littérature française au présent : Héritage , modernité, mutations
de Bruno Vercier, Dominique Viart

critiqué par Donatien, le 4 janvier 2011
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
Beau travail sur la littérature contemporaine.
Dominique Viart et Bruno Vercier sont professeurs de littérature . La littérature française a vécu en 25 ans, "de prodigieux renouvellements et une relance comme peu de périodes dans l'histoire donnent l'exemple". Voilà ce que développe ce livre à propos de la littérature depuis 1980 jusqu'à 2005.

Ce travail se limite volontairement à la littérature française et n'aborde donc pas les littératures "francophones", par souci d'efficacité.

La question posée est celle de l'avenir de cette littérature.

Le livre est divisé en deux parties principales, soit ;

1- Le renouvellement des questions.

Sont étudiées, les "écritures de soi", "écrire l'histoire", "écrire le monde"

2- L'évolution des genres.

A propos de la présence de la poésie, des écritures "dramatiques" et d'éventuelles avant-gardes.

En 1980 sont apparus sur le devant de la scène Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Claude Simon, etc.. C'est donc une nouvelle période esthétique qui se dessine, l'émergence de notions nouvelles telles que "l'autofiction" pour la prose, le "néolyrisme pour la poésie, "l'impassibilité romanesque"..

L'accent est mis sur les phénomènes caractéristiques de la période , sur les mutations et les principaux genres qui partagent cette littérature.
Les textes sont émaillés de nombreux extraits d'une soixantaine d'oeuvres contemporaines qui "témoignent" de ces mutations.

Pour exemple, l'analyse des écrivains du "réel", comme François Bon, Richard Millet, Pascal Quignard, Pierre Michon, Antoine Volodine, Sylvie Germain.
Cette écriture "du réel" m'intéresse spécialement parce qu'elle nous amène, à s'intéresser à l'état de ce réel, à l'engagement littéraire. Elle est taxée d'art du pauvre ou d'art pauvre, mais tente je cite : "d'aller jusqu'au bout de cette soumission à la réalité, jusque dans les formes bêtes , abruptes, qu'elle prend".
De nombreux livres de François Bon sont exemplaires à ce propos en nous proposant des monologues, des polyphonies qui charrient des images fortes loin du "pittoresque" qui tue la réalité.
"Et l'on se met à voir la vie devant laquelle on passe sans regard".

Pour celui qui a dépassé le réel et traite déjà de l'apocalypse, "...et après", soit Antoine Volodine, qui pose cette question : "Comment ne pas penser à l'avenir sous les formes les plus sombres?" C'est toute son oeuvre qui est analysée jusqu'à "Bardo..." de manière très succincte mais efficace.

Enfin le dernier "réaliste inquiétant" soit Régis Jauffret qui a rénové le roman pour sa part "inquiétante, du malaises,et ce jusqu'au vertige. Ses personnages passent leur temps à rêver leur vie, sans les" ornements du romantisme". Son usage de la deuxième personne du pluriel et du temps conditionnel sont redoutablement efficaces.

Tous auteurs "importants ou originaux" de cette période bénéficient d'une à deux pages de commentaires.
C'est donc, en ce qui me concerne, la meilleures source de renseignements pour les lecteurs curieux et "découvreurs" de ces oeuvres contemporaines.

Très beau travail, très utile pour les "liseurs".
A+