Noir Désir
de Marc Besse

critiqué par Numanuma, le 19 décembre 2010
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
One trip, no more noise
L’annonce récente de la séparation du groupe a été l’occasion de relire cette courte biographie du groupe parue en 2003 chez Librio, juste avant les événements de Vilnius. D’ailleurs, le texte se termine par : « Alors que l’année 2003 est en train de filer, Noir Désir semble plus imprévisible que jamais ». Sept ans après, l’auteur, Marc Besse, peut se dire qu’il a vu juste même si ma formule est plus un constat qu’une prédiction.
En effet, l’une des choses très intéressantes que dévoile cet ouvrage, c’est le mode de vie du groupe. Il aura fallu pas mal de temps au groupe pour se rendre compte que chacun de ses membres avait besoin d’espace vital et de s’octroyer du temps libre. De fait, le groupe ne s’est reformé que quand l’envie se faisait sentir et non en fonction d’impératifs économique du directeur artistique de Barclay et les pauses plus ou moins longues entre deux albums ont été nombreuses. Cette attitude, qui se retrouve en général chez les vieux groupes, ceux dont la carrière a dépassé vingt ans et qui n’ont plus rien à prouver à personne, fait partie de la légende de Noir Dez’.
Je ne vais mentir à personne, je ne suis pas le plus grand fan du groupe : j’apprécie mais il n’entre pas dans mon Panthéon personnel. De manière générale, le rock français reste une chose assez éloignée de moi. Cependant, dans le cas de Noir Désir, il me faut bien admettre que je suis devant une sorte de monument du rock hexagonal, tant en matière de musique que d’attitude face à leur maison de disques, aux médias, aux fans… Même si je ne suis pas touché par l’ensemble de leur musique, dont les influences sont assez pointues, je reconnais avec grand plaisir que Noir Désir est un grand groupe de rock, probablement le plus important que nous ayons eu.
Le livre est découpé en 11 chapitres correspondant à autant de périodes de la vie du groupe. Certes, en 40 pages, il est impossible de fouiller mais l’auteur apporte suffisamment d’éléments biographiques pour nous permettre de cerner le groupe. Par contre, je n’ai pas ressenti d’émotion particulière à la lecture : je ne sais pas si Marc Besse est fan du groupe ou s’il a simplement fait un bon travail de journaliste.
Reste que ces quarante pages sont suffisantes pour regretter l’annonce de la dissolution du groupe, annonce qui m’a ramené quelques années en arrière. En 2001, j’apprécie le groupe depuis l’album 666 667 club sorti en 1996 ; j’en ai profité pour acheter une réédition de Tostaky et j’attends donc la sortie du prochain prévue le 11 septembre 2001. Je peux même vous dire que j’ai entendu parler des deux tours bien après tout le monde : au moment de la pause déjeuner, je suis allé le chercher et, une fois de retour, je l’ai écouté au boulot (à l’époque, j’avais un poste qui permettait ce genre de fantaisie). Quelques jours après, tout le monde s’est mis à tripper sur le titre Le grand incendie, effrayant de simultanéité.
Me concernant, l’album Des visages des figures, porté par l’horripilant single Le vent nous portera, est bien au-delà de ce que je suis capable d’appréhender musicalement. Oui, il a une volonté évidente de faire quelque-chose de neuf, volonté probablement née de l’album de remixes de leurs titres, One trip, one noise. Le biographe explique cela très bien et il a peut-être raison mais pour moi, cet album touche aux limites du rock. Trop intelligent, trop riche, trop expérimental, je ne sais pas, incompréhensibles à mes oreilles, oui.
Il n’y aura pas donc de suite. La lecture du livre laisse présager que les quatre membres du groupe ont une trop haute compréhension des mots dignité, respect et intégrité pour se laisser aller à la reformation (sauf pour un concert peut-être).