Le Docteur Pascal
de Émile Zola

critiqué par Zagreus, le 10 décembre 2010
( - 40 ans)


La note:  étoiles
Un beau final
Le docteur Pascal Rougon, 59 ans, médecin de campagne, savant inclassable, spécialiste de l'hérédité, vit retiré du monde depuis dix-sept ans avec sa nièce et sa servante dévouée Martine, dans sa maison « la Souléïade ». Il écrit une thèse sur l'atavisme, en prenant pour objet de recherche sa propre famille: c'est l'occasion pour lui de rappeler la généalogie des Rougon-Macquart et les tares de la famille héritées de l'ancêtre Jean Macquart, mort à l'asile de "combustion interne". Alors que les Rougon symbolisent la réussite sociale, les Macquart symbolisent la déchéance (produite par l'alcoolisme). Elle lui offre aussi, en raccourci, un tableau saisissant de l'histoire du Second Empire.
Sa mère, Félicité, très dévote, veut détruire les documents que son fils a rassemblés, en vue d’une publication, dans une grande armoire qui détient tous les secrets de la famille. Une telle œuvre pourrait ternir la réputation des Rougon. Pour cela, elle endoctrine la nièce de Pascal, Clotilde, qui vit chez lui. Mais celle-ci en tombe amoureuse. Tous deux, passionnés par la science, vont peu à peu muer leurs sentiments en amour charnel. Malgré les risques liés à l'hérédité, ils veulent faire un enfant....

Le docteur Pascal est bien sûr ici le double de Zola qui découvre tardivement les joies de la paternité avec sa maîtresse Jeanne Rouzerot avec qui il mène à l’époque une double vie.
Touchant roman d'amour rédempteur (malgré son caractère incestueux à peine voilé mais traité ici avec une telle candeur qu’il n’apparait pas choquant), c’est une ode au triomphe de la vie qui au bout du compte emporte tout, (les dernières pages sont sublimes : « Et, dans le tiède silence, dans la paix solitaire de la salle de travail, Clotilde souriait à l’enfant qui tétait toujours, son petit bras en l’air, tout droit, dressé comme un drapeau d’appel à la vie. »)
C’est aussi, malgré des thèses scientifiques aujourd’hui datées voire carrément fantaisistes (les injections hypodermiques destinées à combattre la débilité humaine) un formidable éloge de la méthode scientifique, faite de rigueur et d’humilité, par contraste avec les prétentions de la religion obscurantiste, incarnées par la mère et la servante. Une belle conclusion de la célèbre série de Zola…
Une fin de saga réussie 9 étoiles

Zola termine avec le Docteur Pascal sa saga des Rougon-Macquart. C'est une merveille de délicatesse et d'écriture. Il prend pour excuse la conception d'un arbre généalogique par le bon docteur, l'un des moins "tarés" (dans son sens originel) de la famille, pour retrouver tous les personnages de la famille et proposer une conclusion plutôt optimiste. En même temps, la mère aimerait bien voir disparaître ces témoignages impitoyables sur sa descendance bien atteinte... C'est le fil conducteur du roman. Une belle conclusion qui nous donne du plaisir en synthétisant l'oeuvre gigantesque de ce grand auteur.

Bacchus79270 - Paris - 52 ans - 23 février 2023


Le meilleur pour la fin 10 étoiles

Le docteur Pascal est un Rougon. Mais il ressemble si peu aux autres membres de sa famille que nul ne l'appelle autrement que Monsieur ou docteur Pascal, comme si son nom s'était oublié. Il vit à Plassans avec sa gouvernante, Martine et sa nièce qu'il a recueillie depuis l'âge de sept ans et qui est maintenant une charmante jeune femme.
Pascal a étudié la généalogie de la famille, il a recueilli toutes les informations sur les tares, les dégénérescences, les bassesses, les fourberies, les infidélités, les croisements adultérins, les relations incestueuses. Bref de quoi rendre particulièrement acerbe sa mère, Félicité Puech, toujours alerte malgré son âge canonique, qui voit d'un très mauvais oeil la laïcité de son fils et surtout ces documents qui pourraient salir la grandeur de la famille.
Le plaisir de ce roman, c'est qu'il rappelle toutes les aventures qui eurent lieu dans les 19 précédents romans. Tout s'éclaire.
La trame romantique est adorable et je dirais sans ambages que de ce dernier roman de la série est mon préféré.


LES PERSONNAGES PRINCIPAUX

PASCAL ROUGON
Second fils de Pierre Rougon et de Félicité Puech. Frère d’Eugène, Aristide, Sidonie et Marthe. Né à Plassans en 1813, il ne parait pas appartenir à la famille. Grand, le visage doux et sévère, il a une droiture d’esprit, un amour de l’étude, un besoin de modestie, une sobriété, un beau mépris de la fortune qui l’isolent complètement, au milieu des appétits désordonnés qui l’entourent. Après de brillantes études médicales à Paris, il rentre à Plassans, s’enferme en une petite maison claire de la ville neuve, s’absorbe amoureusement dans des découvertes scientifiques, se contentant des quelques malades que le hasard lui envoie, gagnant juste de quoi vivre. Sans qu’on s’en doute autour de lui, il adresse d’intéressants mémoires à l’Académie des Sciences et devient un homme très connu et très écouté du monde savant. Plein de perspicacité, il a, dès longtemps, entrevu l’avenir des Rougon-Macquart et, du fond de son laboratoire, il observe curieusement leurs évolutions.
L’étude du problème de l’hérédité, où tant de maux et de souffrances apparaissent au docteur Pascal, éveille d’abord en lui une pitié militante de médecin guérisseur ; son rêve est de hâter le bonheur universel par la santé rendue à tous.
Il a soixante ans quand un immense amour le lie à sa nièce.

CLOTILDE SACCARD
Fille d’Aristide Rougon, dit Saccard, et d’Angèle Sicardot. Née à Plassans en 1847, elle avait quatre ans, lorsque ses parents l’ont emmenée à Paris, Angèle ayant refusé de se séparer de cette enfant. En 1854, la petite Clotilde assiste à la mort de sa mère et, trois jours après, on la confie à une vieille dame qui se rend dans le Midi et qui la ramène à son oncle Pascal.
Elle n’a appris qu’à lire et à écrire ; elle se fait ensuite une instruction assez vaste, en aidant son oncle qui l’emploie volontiers comme secrétaire et pour qui elle dessine des planches destinées à illustrer ses ouvrages. En cette jeune fille, on retrouve l’influence maternelle par ses qualités féminines, comme par sa préoccupation du mystère et son inquiétude de l’inconnu.
Malgré la différence d'âge et la consanguinité, elle se jettera dans une relation passionnelle avec son oncle.

MARTINE
Vieille servante de Pascal Rougon, devenue la vraie maîtresse de la maison, depuis près de trente ans qu’elle est au service du docteur. À soixante ans passés, elle garde un air jeune, elle est active et silencieuse, dans son éternelle robe noire et sa coiffe blanche qui la font ressembler à une religieuse, avec sa petite figure blême et reposée, où semblent s’être éteints ses yeux couleur de cendre. C’est elle qui a élevé Clotilde Rougon, dont la tendre affection pour le docteur excitera plus tard sa jalousie. Brûlée d’une flamme dévote, Martine, qui adore son maître, voudrait le forcer à faire sa paix avec Dieu, mais Clotilde, d’abord sa complice, a échappé aux influences religieuses pour se donner entièrement à Pascal, et Martine, béante devant ce qu’elle voit, n’a plus que la ressource de prier, pour tenter d’arracher le maître à l’enfer. Son avarice est sordide ; pourtant, lorsque Clotilde a quitté la maison et que Martine reste seule en présence du docteur Pascal ruiné, la vieille servante trouve, dans son amour de chien docile, l’héroïsme extraordinaire de sortir son propre argent, heureuse de nourrir le savant sans qu’il se doute que sa vie vient d’elle. N’aimant que lui pour le bonheur de l’aimer, d’être avec lui et de le servir, Martine est affolée par sa mort soudaine et, pour le sauver de la damnation, pour lui gagner le paradis, elle aide madame Félicité à anéantir l’œuvre diabolique. Puis, comme rien ne la retient plus à la maison, comme elle ne veut servir personne après monsieur, pas même l’enfant que l’on attend et qui vient de lui, elle va vivre à Sainte-Marthe, dans un trou perdu, reprise de sa fureur d’avarice.

FELICITE PUECH
À quatre-vingts ans, elle est restée la petite femme maigre de jadis. Très élégante, vêtue de soie noire, de taille encore fine, elle garde son allure d’ambitieuse ardente. Ses yeux ont conservé toute leur flamme. Après les désastres de la guerre, Plassans a échappé à sa domination et, sans un regret ni une plainte, devenue très riche, Félicité se désintéresse, consentant à n’être plus que la reine détrônée du régime déchu, n’ayant plus qu’une passion, celle de défendre la légende des Rougon, en écartant tout ce qui, dans la suite des âges, pourrait la salir. Elle voit avec bonheur s’éteindre enfin l’aïeule Adélaïde Fouque, mère de tous les Rougon et de tous les Macquart, témoin desséché d’un passé de honte ; elle assiste, sans un geste pour intervenir, à la terrible fin du vieil oncle Antoine Macquart, dont elle guettait la mort depuis longtemps, ayant peur de cet ancien complice ; et enfin, c’est le petit Charles Rougon qui s’en va, cet humiliant dégénéré qui blesse son orgueil parce qu’il semble marquer la fin de la race. Mais elle ne sera tranquillisée sur la pure gloire des siens qu’après avoir anéanti l’œuvre du docteur Pascal, le seul fils dont elle rougisse, et qui a scientifiquement établi, dossier par dossier, l’histoire vraie de cette tragique famille aux appétits débordants. Et toute sa longue patience, tout son esprit d’activité et de ruse, elle les retrouve pour ce dernier effort, circonvenant, d’abord, puis éloignant Clotilde, isolant Pascal, gagnant la servante Martine, dont elle fait sa complice. L’acte consommé, l’œuvre patiente et énorme de toute une vie détruite en deux heures par le feu. Félicité connaît les joies du triomphe définitif et, pour consacrer par un monument durable la gloire éternelle de la famille, elle emploie sa fortune à la construction et à la dotation d’un asile pour les vieillards, qui s’appellera l’asile Rougon. Elle pose à quatre-vingt-deux ans la première pierre de cet édifice et, par lui, elle conquiert Plassans pour la troisième fois.


LES PERSONNAGES PAR ORDRE ALPHABETIQUE


Bellombre
Bonhomme
Boutin
Dieudonné (Mme)
Durieu (Le Père)
Fouque (Adélaïde), dite Tante Dide
Grandguillot
Guiraude
Lafouasse
Lévêque
Lévêque (Mlle)
Macquart (Antoine)
Martine
Maurin
Mégot (Justine)
Pascal (Docteur)
Porquier (Docteur)
Puech (Félicité)
Ramond
Rose
Rougon (X...)
Saccard (Charles)
Saccard (Clotilde)
Saccard (Maxime)
Sarteur
Sophie
Thomas (Anselme)
Valentin
Valqueyras (Marquise de)

Monocle - tournai - 64 ans - 6 février 2022


Un livre vraiment passionnant ! 10 étoiles

Ce roman est vraiment passionnant : entre l'histoire amoureuse du Docteur Pascal et de sa nièce, mais aussi sur une recherche scientifique d'une maladie héréditaire, Zola écrit toujours avec simplicité ! J'ai vraiment aimé ce livre ! A lire...

Helena - - 30 ans - 11 juillet 2011