Abraxas - Le brouet sapide
de Eric Corbeyran (Scénario), Alfred (Dessin)

critiqué par Jean Loup, le 14 mars 2002
(Vaulx en Velin - 50 ans)


La note:  étoiles
Citrouilles meurtrières et autres bizarreries
Une sacrée bonne surprise. "Le brouet sapide", disons-le, a des allures de chef d'oeuvre. Un mot de l'histoire tout d'abord : le village d'Abraxas est en proie à des crimes sauvages quasi quotidiens, perpetrés pour des motifs qui demeurent obscurs. Saturnin Duvernois y débarque un beau jour (si l'on peut dire, en fait il pleut !) pour devenir magicien et se recueillir sur la tombe de sa mère. Mais est-elle vraiment morte ? Que manigance le mystérieux Mordhom, maître de l'illusion dont Saturnin espère devenir disciple ? Et ce manège macabre, qu'abrite-t-il ? Et tous ces morts, pourquoi les a-t-on assassinés ? Que de questions, et encore bien peu de réponses...
Il y a un air de Dumontheuil (le magistral "Qui a tué l'idiot") dans ce premier volume. Côté scénario, c'est délicieusement inventif, superbement sombre, étrangement habité. Les dialogues sont d'une grande qualité. Alfred livre un travail à la mesure du scénario de Corbeyran : c'est très beau, excellemment mis en page. Les tronches des habitants d'Abraxas illustrent parfaitement l'étrangeté du récit. Alfred s'est lui-même chargé de la couleur, avec succès (on regrette du coup que "La digue" ait été en noir et blanc !).
Si la suite est à la hauteur de ce premier volet, on aura là une série incontournable. N'attendez pas de savoir : lisez "Le brouet sapide" dès maintenant, c'est vraiment du tout bon !