Un livre peu médiatisé, mais qui mérite le lus grand intérêt de tout "honnête homme" (ou femme) : il nous permet de découvrir d'autres êtres bien différents de nous souvent, mais qui, au plus profond de vies pauvres, douloureuses, partagent avec nous tant de choses essentielles.
La magie et le talent de l'auteur est de nous faire entrevoir, malgré la misère et la dureté des choses, la part de vitalité, de sensibilité, d'esprit libre en chacun de nous, qui demeure ce que nous avons de plus précieux. Ces nouvelles, même si elles évoquent des personnages minuscules, invisibles de nos gouvernants ou de nos grands médias, touchent au plus important de ce qui nous rend humains. Un véritable poésie en prose, aux mots drus, quotidiens, et aux éclats de génie parfois.

Tiziana Orlando - - 49 ans - 8 octobre 2011

Voilà un livre plein de souffrance, mais souvent drôle. Le ton est parfois très triste et cependant certains personnages, pittoresques, misérables mais courageux, vous redonnent le sentiment que l'homme, dans la pire difficulté et pauvreté est toujours debout.
Ces petits coins d'Afrique sont restitués de manière concise et aiguë par H. Tadié, qui se révèle comme un magnifique auteur africain francophone.
On aimerait parfois en savoir encore plus, lire une suite à ces petites historiettes, connaître encore davantage de ces personnes perdues dans un continent et un monde qui n'a que faire d'eux, qui les ignore au mieux, et au pire les broie.
Il faut féliciter cet écrivain qui n'a pas choisi la facilité, mais la vérité, et qui sait nous la transmettre à la manière d'un conteur, avec un humour parfois bien noir (!).
A conseiller sans réserve si vous cherchez autre chose que la pure distraction dans un livre...et si vous voulez pensez, ressentir, aimer et éprouver ce que d'autres, très différents, éprouvent.

Lancelot-du-lac - - 59 ans - 21 juin 2011

Ce recueil comprend douze nouvelles, nées de la plume de l'écrivain camerounais Hervé Tadié.

Il y est question de femmes, d'enfants, de pauvreté extrême, de personnages qui condensent la violence de la misère économique et humaine, celle de tout un continent... mais on sourit parfois en le lisant, pénétré de la chaleur et de la vie de ces êtres.
Certes les tonalités sont le plus souvent à peine distinctes tant elles sont fondues dans le noir, les mots semblent même parfois trahir et s'émousser au moment de révéler le désespoir de ces âmes échouées, brisées.
Mais Tadié sait faire affleurer l'humour et la tendresse dans sa langue française si bien employée ; ce n'est pas que son style soit classique, ni même très homogène. C'est mieux que cela, on entend presque l'homme nous conter ces tragédies. Bien que les hommes, les femmes dont il nous parlent soient probablement vite oubliés par le monde où ils sont passés, leur destin nous imprègne irrévocablement, leur appel nous saisit et nous sommes quelque peu parmi eux pour toujours.

Tadié nous interpelle comme un passant dans une ruelle d'Abidjan ou de Douala, comme un transistor qui crachote à travers une fenêtre aux vitres cassées ; rien n'est plus vivant, plus poignant que ces éclats de pleurs, de douleur, exprimés en phrases parfois écrites comme on raconte son enfance, ou proches d'une conversation d'arrière-cour entre vieux désœuvrés ou jeunes sans espoir.

Ce livre n'est guère comparable à un autre, il est une toile rassemblant des personnages déchirants d'humanité, aux cris muets, aux yeux qui vous fixent depuis une âme qui ne demande qu'à exister un peu, un peu plus.

Certaines nouvelles sont bouleversantes, d'autres plus légères et pleines de notations cocasses.
Mais toutes les pages de ces "Points de misère" méritent l'admiration, pour le courage qu'il a fallu à l'auteur pour recenser et transmettre cette connaissance de l'humain, pour ces mots qui portent tout de même un fardeau trop lourd pour eux, pour les éclaircies possibles, mais seulement devinées, ou à peine entrevues, cette couleur de soleil qui est l'apanage de l'être humain, quoiqu'il advienne.

Un livre qu'on n'oublie pas.

Paulina - - 40 ans - 22 mars 2011