Philippe le Bel
de Jean Favier

critiqué par Jules, le 27 décembre 2000
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un grand roi, un livre très intéressant
Philippe le Bel est le petit-fils de Saint-Louis. Il règne de 1285 à 1314. Ce règne sera des plus importants dans l'histoire de France.
Il verra s'affermir le pouvoir royal, contre les vieilles forces féodales, mais aussi contre le pouvoir temporel de l’église. Philippe le Bel choisira ses principaux collaborateurs hors de la haute noblesse, comme Marigny et Nogaret. Il se heurtera au Pape en s’opposant aux sorties de capitaux que représentent les dîmes prélevées par le clergé dans son royaume et envoyée par lui à Rome. La monnaie était frappée dans le métal précieux et celui-ci quittait la France par bateaux entiers !.(c’est ce que nous appellerions l'inflation assurée). L'Angleterre en fera autant et cela ira jusqu'à la " querelle des investitures ". Philippe le Bel décréta aussi que dorénavant, à l'exception des églises et des cimetières, la totalité de ses territoires seraient sous sa seule juridiction. Les querelles avec Boniface VIII seront incessantes et iront très loin !… Au décès de celui-ci, la royauté française fera se réunir le concile à Avignon, afin de mieux le contrôler.
Toujours sur le plan monétaire, Philippe le Bel ira jusqu’à interdire, sous certaines conditions, la thésaurisation des métaux précieux sous la forme d’orfèvrerie. Les besoins d’argent ne faisant que croître, en 1306, il fera expulser les juifs de ses territoires et confisquera tous leurs biens. Quelques années plus tard il en fera de même avec les Lombards. Il luttera pour que l'Angleterre, avec Edouard Ier, reste en dehors de ses affaires, mais aura de nouvelles difficultés avec les Flamands. En 1302, l'armée française commandée par Robert d’Artois, fils du frère de Saint-Louis, se trouva face aux troupes brugeoises. Il fit s’élancer sa cavalerie qui s'embourba dans les marécages et la fleur de la chevalerie française fut massacrée. Un vrai désastre, provoqué par un excès de sentiment de supériorité !. Cette bataille, livrée dans la région de Courtrai, fut appelée " bataille des éperons d’or " Philippe le Bel ne pensa plus qu’à prendre sa revanche et il l’eut par une victoire personnelle obtenue contre les Flamands. Les enceintes des grandes villes flamandes furent toutes rasées et un lourd tribut fut fixé.
Le Roi entama également une longue lutte contre l’Ordre des Templiers. Le pouvoir de ceux-ci devenait trop important au fur et à mesure que les territoires qu'ils contrôlaient grandissaient. Il faut savoir qu'eux seuls avaient droit de justice sur leurs terres et que ces droits étaient une des grandes sources de revenus pour le royaume. Philippe le Bel obtint la victoire et la dissolution de l'ordre.
La fille de Philippe le Bel, Isabelle, avait été donnée en mariage à Édouard II d'Angleterre. Or, les trois fils de Philippe le Bel, Louis X, Philippe V et Charles IV, moururent sans assurer leur postérité. La couronne passa à Philippe VI de Valois, fils de Robert de Valois, lui-même fils du frère de Saint-Louis. Pour écarter le fils d'Isabelle, Édouard III d'Angleterre, la France dut aller rechercher de vieilles jurisprudences des lois saliques. C’était le début de la guerre de cent ans !
Ce livre, peut-être un peu rébarbatif par sa taille, est non seulement très bien écrit, mais très complet. Or cette période est vraiment intéressante. On voit les rois tenter d’asseoir leur pouvoir face à la noblesse et au clergé. Ce phénomène s'est passé en Angleterre comme en France, avec des conflits rudes et aux grandes conséquences. Le monde change également par l'importance que prennent les marchands en Europe. Il faut encore ajouter que ce livre est passionnant à lire pour qui aime l'Histoire.
L’histoire d’un siècle. 6 étoiles

J’avais lu cette brique il y a quarante ans, en 1980, au temps où je passais mes vacances à la mer du Nord en famille et avec ma belle-mère. Il m’arrivait d’avoir le temps long… Je l’ai reprise, cette brique, en ces temps de confinement où la lecture est notre dernier recours.

En réalité, je voulais surtout savoir ce que Jean Favier disait du fameux procès des Templiers, commandé par Philippe le Bel et autorisé par le Pape Clément V, qui a signé la condamnation du Temple avec le poignard du roi sur la gorge. Mais de fil en aiguille j’ai relu pratiquement tout le livre. Il faut dire que tout est intéressant même si c’est toujours un peu long.

Pour commencer l’auteur met en scène tous les acteurs du règne. Sur les cinquante premières pages du livre, il nous explique leur rôle et leur position par rapport au roi. Le lecteur devrait retenir ces pages par cœur ou noter les pages où ces personnages sont décrits pour y revenir en cours de lecture, parce que sinon, la suite du récit s’avère difficile. Mais de toute façon, si on n’arrive pas à retenir le nom de tous les intervenants, ce n’est pas si grave parce que c’est surtout l’histoire du siècle qui est intéressante et elle est bien racontée.

Ce XIIIème siècle est le siècle de la renaissance dans tous les domaines. Le régime féodal est en voie d’extinction, les temps changent, le droit romain est remis à l’honneur, la royauté affermit son pouvoir aux dépens de la noblesse des régions. Une théologie nouvelle apparaît avec Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin qui remettent au goût du jour Aristote et les philosophes de l’antiquité. La création de l’université remet en question les croyances du Moyen-Âge ; mais c’est aussi le siècle de la foi qui soulève les cathédrales. Les luttes entre le pouvoir temporel des princes et le pouvoir spirituel des papes atteint son paroxysme et vont même jusqu’au crime. Les réformes monétaires, les dévaluations, la mise en coupe du pays par le fisc, l’inflation galopante et l’enrichissement frauduleux des gens de pouvoir avec l’appauvrissement général des populations, sont le prélude d’une histoire à laquelle nous sommes aujourd’hui habitués mais qui était une première à l’époque.

On le voit dans ce livre, le siècle de Philippe le Bel a vu se côtoyer le meilleur et le pire. Et, en parlant du pire, on en arrive au procès des Templiers. Et là, Jean Favier m’a consterné ! Il a répertorié tous les soupçons et les ragots qui courraient dans la population au sujet des Templiers. Il aurait dû savoir que les ragots c’est ce qu’on dit des gens quand on ne les connaît pas. Et puis trente-six soupçons ne sont pas encore une preuve ! Parce que, malgré toutes ses recherches, Jean Favier n’a découvert aucune preuve valable qui aurait justifié la condamnation du Temple. Dans les manuels d’histoire, on embellit les choses et on en passe d’autres sous silence, parce qu’il faut donner aux écoliers la fierté d’appartenir à une grande nation. Mais dans une étude destinée aux amateurs d’Histoire, il me semble qu’un peu plus d’objectivité s’imposait : la condamnation des Templiers aux bûchers de l’Inquisition, voulue par Philippe le Bel, est un des plus grands crimes de l’Histoire !

Cependant, il faut le dire, c’est bien le seul cas où l’auteur manque d’impartialité. En règle générale, Jean Favier s’abstient de tout jugement sur les personnages et sur les événements. Il raconte. Et il raconte sans jamais faire la différence entre les événements les plus marquants du règne et ceux qui le sont moins, ce qui à la longue, il faut le dire aussi, rend sa lecture un peu monotone.

On l’aura compris, son livre est certainement une référence en matière d’Histoire. Mais il s’adresse aux spécialistes désireux de tout connaître. A mon avis, il n’aura pas les faveurs du « grand public » qui s’intéresse à l’Histoire pour s’instruire en se divertissant.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 27 juin 2020


Un des rois les plus importants que la France ait comptés 0 étoiles

Ceux qui ont lu les Rois maudits se souviennent certainement de Philippe le Bel. C'était un roi intelligent, malin, prestigieux, puissant. Il s'en est passé des choses sous son règne...
Ce livre est idéal pour approfondir la connaissance de ce souverain majeur dans l'Histoire de France.

Sorcius - Bruxelles - 54 ans - 24 février 2001