Mémoires
de Jean Monnet

critiqué par Falgo, le 12 novembre 2010
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Un grand homme discret et efficace qui manque au monde actuel
Ce livre m'est trop tardivement passé entre les mains, il m'eut été très utile de le lire il y a longtemps.
Ne faites pas comme moi: lisez le dès que vous pourrez.
Cet homme a eu toute sa vie un seul objectif en tête: jouer collectif plutôt que chacun pour soi et penser au long terme plutôt qu'à l'immédiat. A l'heure où le G20 pagaille à Séoul dans l'indécision entre ces quatre pôles, il est plus qu'indispensable de se pencher sur les réflexions et les principes construits patiemment par Jean Monnet.
Comme il le dit, il y a deux types d'hommes: "Ceux qui veulent être quelqu'un et ceux qui veulent faire quelque chose." Il a clairement été de la deuxième catégorie, oeuvrant toujours dans la coulisse des grands évènements, sans aucune ambition personnelle, sauf celle de faire avancer les causes auxquelles il croyait. C'est à dire d'anticiper les problèmes plutôt que les traiter à chaud, ayant peur de ce défaut constant chez les humains: " les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise" (p.129).
Depuis les accords d'approvisionnement entre les alliés durant la guerre de 14-18 jusqu'à la Communauté Européenne en passant par la création de la Société des Nations (SDN), la représentation du gouvernement américain auprès des autorités d'Alger en 1942, la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), l'affaire de la Communauté Européenne de Défense (CED) et la création du Commissariat au Plan français, le parcours de cet homme est sidérant. Il a toujours oeuvré dans l'intérêt général. Le lisant, on revoit avec lui 60 années terribles de l'histoire du monde au XX° siècle d'une autre manière et sous d'autres angles que beaucoup d'autres écrits.
Pour finir, à livrer à tous nos hommes politiques: "on ne peut pas être concentré sur une chose et sur soi-même" p.273. Ceci dit, Jean Monnet reconnaît bien que les grands hommes politiques sont forcément égocentriques, sinon ils ne réussiraient pas. Mais ils ont besoin de gens comme lui pour apporter des idées, des concepts, des capacités de réalisation qui aillent dans un sens collectif.
Il est typique que son dernier successeur en tant que Commissaire au Plan, Alain Etchegoyen (voir les critiques de ses livres sur ce site), ait finalement émis des avis situés dans la ligne de cet homme exceptionnel. Alain Etchegoyen lui-même viré par cet hommes politique actuel qui se prétend, à tort assurément, faire partie de ceux qui peuvent améliorer notre sort.