Pandémonium de Régine Detambel

Pandémonium de Régine Detambel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Guigomas, le 9 novembre 2010 (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 54 ans)
La note : 8 étoiles
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Un arbre généalogique pas banal

L’inconvénient d’aller à la bibliothèque avec de jeunes enfants, c’est que dès qu’ils ont choisi leur pile de bouquins ils ne rêvent que de rentrer à la maison pour les lire et le font savoir à tue-tête dans ce havre de paix et de silence… Du coup, Papoun dispose d’une minute (parfois deux) pour trouver un bouquin avant de s’attirer les foudres des lettrés qui partagent avec certains bigots cette manie de froncer le regard en soupirant au premier rire enfantin qui vient perturber leur recueillement.

Tranche de vie qui n’a d’autre intérêt que de dévoiler le pourquoi de ma lecture de Pandemonium, livre dont j’ignorais tout d’un auteur dont je ne connaissais rien : le titre, la collection et la précipitation. Sans cela, la place de ce roman dans ma « liste à lire » étant à peu près la même que celle de l’arrière-petite nièce du dernier vice-roi des Indes dans l’ordre de succession à la couronne d’Angleterre, il est fort peu probable qu’il me soit un jour tombé entre les mains.

Pandemonium, c’est le nom de l’endroit où vivent les démons, ici un manoir abritant huit octogénaires formant quatre couples (les quatre frères Wagner et leurs épouses), reclus dans cette propriété depuis 1946 et leur condamnation pour sévices et mauvais traitements envers personnes âgées. En 46, les démons étaient jeunes et « Pandémonium », alors « la Gloriette », était un hospice. Outre ces croulants la maison abrite aussi Nicolas, l’unique descendance de la fratrie, dont la mère est en prison pour le meurtre de son mari, et Eva, la petite garde-malade. Eva et Nicolas vivent une sexualité débridée et champêtre au milieu de ces vieillards encore alertes. C’est l’été, Marie la mère de Nicolas va sortir de prison où elle est enfermée depuis douze ans sans avoir eu le moindre contact avec son fils, la maison est pleine de secrets qui hantent certaines vieilles consciences… Le décor est planté, c’est un décor qui est loin d‘être banal !

Sans être une révélation, ce roman a été une lecture agréable et je pense qu’il devrait plaire à certain(e)s. Il est très sensuel au sens plein du mot. Le décalage entre la décrépitude (encore endiguée mais néanmoins présente) des corps des démons et la jeunesse d’Eva et Nicolas est accentué par le langage potager ou gastronomique dont use volontiers l’auteur. La vieillesse est un thème important dans l’œuvre de R Detambel, elle qui est kinésithérapeute de profession et a exercé son art en maison de retraite. Elle en parle avec talent. Le style de l’auteur est agréable, poétique et imagé mais parfois caractéristique de l’époque, cherchant à dépeindre des sensations ou sentiments au travers de ressentis physiques, ce qui n’est pas ma tasse de thé. Enfin, on peut regretter une fin qui nous laisse un peu sur la nôtre.

Au final, même si je ne vais pas courir me procurer l’œuvre complète de Régine Détambel, j’ai été content de faire sa connaissance au travers de ce livre. Je pense qu’il plaira aux amateurs et amatrices de littérature un peu ambitieuse.

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