Nos délits d'initiés : Mes soupçons de citoyen
de Guy Birenbaum

critiqué par Shelton, le 7 novembre 2010
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Ecrit il y a déjà presque 8 ans...
Quand un universitaire, un éditeur mais aussi un homme engage politiquement parlant – je veux dire en vraie politique c’est à dire la vie de la Cité, de la Nation – on peut s’attendre à tout, en particulier à un livre passionnant et étayé ou un brûlot pamphlétaire nauséabond… Oui, je pouvais m’attendre au meilleur comme au pire… et c’est le meilleur que j’ai trouvé dans ces pages bien écrites et respectueuses du citoyen lecteur.

Guy Birenbaum ne prétend pas avoir toujours raison, il se contente de nous faire réfléchir à des situations que l’on nous cache parfois au nom du respect de la vie privée des femmes et hommes publics. Oui, mais comme il l’explique très bien, quand un homme utilise sa vie privée pour promouvoir ses idées politiques, il est légitime que le journaliste, l’initié comme le nomme bien souvent Guy Birenbaum, informe le citoyen sur l’écart qui peut exister entre le discours et la vie de cet être politique qui cherche à obtenir nos suffrages.

Si un député construit sa réputation sur la défense de la famille il n’est pas inutile de savoir ce qu’il en est de la sienne. Non ? Quand un parti attaque Mitterrand et sa mémoire sur l’affaire dite « Mazarine » il n’est pas mauvais de révéler que de leur côté il existe aussi une affaire de même nature, du côté du Japon, avec un homme qui y est parti bien souvent, pour y retrouver son fils, aux frais de la ville de Paris ou de la République…

Guy Birenbaum ne s’acharne pas sur un homme, un parti ou un réseau, il cherche à poser la question de l’égalité des citoyens, de l’équité de traitement en cas de défaillance personnelle… Il faut reconnaître que parfois notre justice a bien du mal à se comporter correctement envers un individu privé pris avec de la cocaïne en sa possession et un homme public dans la même situation… d’un coté la racaille qu’il faut mater et emprisonner, qu’il faut mettre au pas et la Nation qu’il faut protéger ; de l’autre, des hommes qu’il faut protéger, qu’il faut aider, dont il faut mettre la réputation à l’abri. Oui, deux comportements différents, deux poids deux mesures !

Alors, faudrait-il désespérer de notre Nation ? Non, Guy Birenbaum pense qu’il faut surtout changer un état d’esprit, un fonctionnement, des règles. Oui, ce n’est pas un secret, Guy Birenbaum appelle de tous ses vœux l’avènement d’une sixième république, avec un régime plus respectueux des bases des droits de l’homme et du citoyen.

Le plus original de cet ouvrage est d’avoir été écrit en 2003, c’est dire que lors d’une lecture en 2010 on peut mesurer en quoi cet écrit était prophétique par certains des aspects, mais aussi déjà dépassé par certaines affaires ce qui montre que notre régime est gravement et profondément atteint. Oui, il est vraiment temps de prendre un autre chemin… Attention de ne pas sombrer dans le mythe de Saint Just et de déclencher le pire en souhaitant le meilleur !

N-B : certaines remarques sur un certain Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, sont savoureuses quand on sait ce que les années suivantes ont apporté…