Grands et petits secrets du monde de l'art
de Danièle Granet, Catherine Lamour

critiqué par Septularisen, le 1 novembre 2010
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
Secrets ?
Le quatrième de couverture de ce livre nous promettait monts et merveilles...
Pensez-vous, rien de moins que de pouvoir pénétrer le monde de l’art, ce «monde des merveilles» qui pèse au bas mot 50 milliards d’euros l’an…

Il n’en fallait pas plus pour attirer un amateur d’art tel que moi… et patatras... Voici que je me retrouve à lire un livre stérile, confus, sans queue ni tête, qui part dans tous les sens, fait d’incessants retour en arrière, prétend faire des révélations sur le marché de l’art, nous raconte par le menu détails les ventes aux enchères, ou le périple d’une œuvre d’art des mains de l’artiste jusqu’au mains des collectionneurs (ou des musées…) et...
Et toutes ces révélations promises ? Et bien rien, rien que je ne sache déjà en tous cas…

Mais qu’il y a-t-il exactement dans ce livre? Et bien p.ex. on nous parle des «cent» qui font et défont le monde de l’art… parmi eux des collectionneurs (Charles SAATCHI, François PINAULT, Bernard ARNAULT…) des artistes (Jeff KOONS, Damien HIRST, Takashi MURAKAMI…) des galeristes (Larry GAGOSSIAN, Jeffrey DEITCH, Fabienne LECLERC…) etc etc, rien de bien neuf donc…

Mais aussi, de l’art Chinois en pleine expansion, de l’art Français beaucoup trop sous évalué, de la ruée vers l’art des «nouveaux riches» venant de Russie, d’Inde, de Chine…Du nouveau rapport entre l’art et le marché du luxe… Rien de neuf sous le soleil donc, juste quelques révélations p. ex. sur l’affaire Lawrence SALANDER surnommé le «MADOFF» de l’art…

Le pire de tout étant, dans ce livre, le fait de faire suivre le nom de toutes les personnes citées par leur classement publié dans les revues d’art, Art Review et ARTnews…
Ainsi p. ex. on apprendra que Mera RUBELL, la grande collectionneuse de Floride, est N° 24 de la liste ARTnews et N° 77 de celle d’Art Review, ou encore que le milliardaire Américain et grand amateur d’art, Eli BROAD est N°5 de la liste ARTnews et N° 7 de celle d’Art Review…
On se croirait en train de suivre un match de tennis!…

Ne sont pas non plus absentes quelques erreurs et approximations, ainsi p. ex. quand les auteurs prétendent que Charles SAATCHI (N° 7 de la liste ARTnews et N° 72 de celle d’Art Review) est responsable de l’effondrement des prix des œuvres du peintre Italien Sandro CHIA pour avoir revendu trop d’œuvres en trop peu de temps… alors que le même Charles SAATCHI à toujours déclaré n’avoir possédé en tout et pour tout que sept toiles de l’artiste Italien…
Enfin, il aurait fallu ajouter un index des noms cités à la fin de l’ouvrage, pour que le lecteur puisse au moins s’y retrouver… Franchement on s’attendait à mieux de la part des deux auteurs venant de la presse écrite…

Finalement, la partie qui m’a le plus intéressé sont les entrevues des courtiers, des marchands d’art, des galeristes, des directeurs de musées et autres collectionneurs qui sont intercalées entre les différents chapitres du livre, et qui au moins elles, contiennent des informations intéressantes…

Inutile de dire que je ne recommande pas la lecture de ce livre…
Acquérir un vernis par une analyse en surface 5 étoiles

Je suis moins sévère que la critique précédente : certains ponts-aux-ânes sont présentés par ces journalistes comme une investigation pointue. Certains extraits d'entrevues permettent toutefois de donner une idée d'un état d'esprit.
C'est à la fin de l'ouvrage, quand l'ensemble des thèmes a été évoqué, comme en économie, que la lectrice et le lecteur commencent à croiser les lignes de la grille d'analyse. Que les grandes galeries internationales, les marchands ayant pignon sur le marché international, de grands artistes surcotés dominent le monde de l'art, globalisé, dématérialisé dans ses échanges, ça n'est pas bouleversant : on révise ses classiques, qu'on réactualise, on revoit et on apprend certains noms d'artistes en vue.
La promotion de l'art français ne fonctionne pas : le sujet est esquissé, sans être véritablement traité, comme la liaison entre art et luxe. C'est à l'image de la plupart des thèmes, évoqués, sans être fouillés, analysés, donc vraiment développés. J'ai eu l'impression de légèreté pointilliste et confuse de certains catalogues de mode ou de produits pour les fêtes, c'est intéressant globalement, ça en met plein la vue, mais cela reste à l'état d'un brumeux bazar coloré et acidulé.

Le style, journaliste, est assez chiadé, se laisse lire, ce n'est pas désagréable, mais cela n'est pas aussi informatif que je l'aurais espéré.

Veneziano - Paris - 46 ans - 30 janvier 2013