Le dernier voyage du révérend
de Nigel Barley

critiqué par CC.RIDER, le 29 octobre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une Afrique disparue
Au dix-neuvième siècle, à une époque où les hommes croient encore à la responsabilité et au « fardeau de l’homme blanc », le révérend Truscot débarque à l’embouchure du Niger avec Mary, son épouse. Sa mission : faire de la cité d’Akwa un modèle de société chrétienne après en avoir éradiqué la corruption, le cannibalisme, les superstitions, la polygamie et l’esclavage. Malheureusement face au roi Jack, un potentat fourbe, cruel et baroque, aux trafiquants européens qui ne pensent qu’au profit et aux réactions imprévisibles de ses nouvelles ouailles, il va accumuler malchances, bévues et malentendus au point d’y laisser jusqu’à sa santé.
A la fois roman historique, picaresque et ethnographique, « Le dernier voyage du révérend » permet au lecteur une plongée sans anachronisme dans la sombre réalité de l’Afrique profonde telle que les explorateurs occidentaux de l’époque durent la trouver. Le choc entre les civilisations est terrible et parfaitement rendu par l’auteur. L’incompréhension est totale. Les situations marquées par de nombreux quiproquos virent souvent au cocasse et à l’absurde. On se surprend à se demander à quoi ont bien pu servir tous les efforts déployés en pure perte par ce pasteur aussi naïf que prosélyte. Un regard amusé et mélancolique d’un vrai spécialiste sur une Afrique disparue. En effet, Barley est lui-même anthropologue de profession.