Le crime de Martiya Van Der Leun de Mischa Berlinski

Le crime de Martiya Van Der Leun de Mischa Berlinski
( Fieldwork)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Pascale Ew., le 27 octobre 2010 (Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 083ème position).
Visites : 3 398 

Quand la volonté de comprendre tourne à l'obsession

Mischa Berlinski se met en scène dans le nord de la Thaïlande. Il est tout d’abord intrigué par le sort d’une Américaine, Martiya Van der Leun, jeune anthropologue ayant entrepris d’étudier la tribu des Dyalos. Il finit par être complètement obsédé par son histoire au point de tout délaisser pendant des mois et tant qu’il n’arrive pas à comprendre ce qui lui est arrivé. En fait, Martiya a assassiné un jeune missionnaire, David Walker. L’histoire de la famille Walker est racontée en parallèle avec celle de Martiya. Cette famille de missionnaires américains depuis plusieurs générations a suivi les Dyalos dans différents pays, de la Chine à la Thaïlande. Martiya de son côté tente de comprendre le comportement des Dyalos pendant des années sans jamais y parvenir totalement. En fait, Mischa et Martiya ont ceci en commun qu’ils veulent chacun comprendre un comportement, au point d’en faire une obsession.
J’ai été passionnée par ce roman. Je trouve l’histoire tout-à-fait plausible et j’y retrouve avec plaisir la Thaïlande où j’ai vécu. Le lecteur est emporté par le désir de savoir ce qui s'est passé et le suspense est maintenu jusqu'au bout. Toutefois, je déplore la mauvaise traduction de ce livre, les nombreuses fautes d’orthographe, de frappe, de conjugaison, etc., qui gâchent la lecture.

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Les éditions

  • Le crime de Martiya Van der Leun [Texte imprimé], roman Mischa Berlinski traduit de l'américain par Renaud Morin
    de Berlinski, Mischa Morin, Renaud (Traducteur)
    Albin Michel / Les Grandes traductions
    ISBN : 9782226208378 ; 23,20 € ; 01/04/2010 ; 500 p. ; Broché
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Fieldwork

10 étoiles

Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 28 avril 2011

En effet un livre passionnant surtout pour ceux qui ont eu la chance de parcourir la mythique Asie du Sud Est et de rencontrer ses tribus vivant dans les montagnes sauvages. A chaque page, les souvenirs fusent…authentiques. Que ce soit la cuisine et ses senteurs exquises, le sourire et le langage corporel particuliers de ce peuple mystérieux et serein, la vie trépidante de la rue, les hôtels pour expats, les espaces de jungle inviolés, la végétation, l’eau, les rizières, la religion, la langue tonale, tout nous relie à du vécu intense. Voilà des retrouvailles bien menées par un journaliste de terrain.

Son talent fait surgir la moiteur de l’air, le ruissellement de la mousson, et tout revient. Mais son propos est surtout comme le titre original l’indique : le « Fieldwork». Un travail de terrain extraordinaire, une obsession de la recherche à en perdre le boire le manger et même l’amour, tant la tâche et le pays sont ensorcelants. Cette même démarche se retrouve chez les anthropologues passionnés, tels la fameuse Martya, et chez les missionnaires illuminés tels ce clan de Walkers, destinés à marcher dans le monde pur apporter la bonne nouvelle qui libérera les hommes et les femmes de l’esclavage. Voilà que leurs destins se croisent et que nait une énigme, mais est-ce cela l’important ? Le titre de l’édition française nous met sur une piste fort secondaire, un prétexte !

La découverte progressive de l’animisme en vigueur dans toutes ces peuplades est une dimension extraordinaire de ce roman qui nous invite au respect le plus profond. L’auteur nous livre une étude passionnante même si la tribu des Dyalos est fictive. Du grand art, comme si le journaliste était lui-même anthropologue. On se pose alors la question :jusqu’où va le droit de l’anthropologue ou du missionnaire d’étudier les coutumes et les croyances ou d’influencer ? Tous deux vivent une sorte de folie, l’une humaine, l’autre divine et y consument leur vie. Tous deux participent à une sorte de pensée magique qui met en avant le besoin universel de spiritualité de l’homme. Le verbe étant souvent la clé de la compréhension du monde, les dialectes des tribus sont consignés soigneusement, étudiés et sauvés de la disparition car les missionnaires traduisent la Bible à tour de bras!

Un livre qui vous agrippe et vous retient dans ses rets et qui vous sature de découverte de l’autre. Un livre qui fouille au plus profond de l’âme humaine et gambade de façon alerte sur le fil de l’acceptable ou de l’inacceptable. Une narration brillante qui ne vous lâche pas, tout au long des pages que l’on quitte avec regrets.

C'est vrai que la lecture en langue originale serait encore plus percutante:

extrait: " 'Nobody knows what the spirits really are — maybe they're fallen angels, that's certainly a possibility, or maybe some other being created in the spiritual realm. The biblical evidence certainly associates the spirits with Satan. But you know how I've always thought of the Dyalo spirits? They're like a giant powerful bureaucracy, which imposes a million and one rules on the Dyalo. Fines them a pig or a chicken or something worse when they do something wrong. Punishes them, kicks them around, treats them like dirt. You ever try and get a residence here in Thailand? Go from office to office, lose two whole days? It's like that all the time for the Dyalo. If the spirit of the big rock makes your kid sick, ask the spirit of your ancestor to protect you. So you slip him a bribe, a chicken, a pig. Maybe he'll help you, maybe not….'

" 'Exactly!' said Thomas. 'Exactly! And then we come along and we say, 'Folks, we know the man at the top! You want to plow that new field? You don't need to sacrifice a pig or say this ritual — just talk to the Boss! Who loves you! Who wants to help you! We'll teach you how to talk to Wu-pa-sha directly!'

" 'Wu-pa-sha was the creator of rice, rain, life and thunder, at the very summit of the Dyalo spiritual hierarchy.' "

...avec toute l'économie de mots et la verve anglo-saxonne et le généreux étonnement américain.

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