Le David inachevé
de Christian Comanzo

critiqué par CC.RIDER, le 26 octobre 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Du fantastique au quotidien
Une femme traverse un lac à la nage. Arrivée au milieu, une tête d’homme lui apparaît et lui dit : « Voulez-vous m’épouser ? » Une vieille fille qui passe toutes ses vacances d’été en Italie croit enfin avoir trouvé l’homme de sa vie. Un petit Florentin rondouillard qui semble être un gardien de musée apparaît comme un poète du quotidien. Un musicien célèbre qui a refusé d’écrire l’hymne officiel à chaque changement de régime politique se révèle capable de produire une œuvre magnifique le jour de son exécution capitale. Pour avoir pris une chambre dans un hôtel borgne, un honnête inspecteur général d’Histoire se retrouve arrêté en compagnie de prostituées et de clients et pris pour un dangereux trafiquant de drogue corse.
Voici quelques-unes des douze nouvelles de ce recueil qui se vit décerner le Prix Stendhal 1986 de la ville de Grenoble. On y remarque une grande unité de ton et de thème dans tous ces textes. Omniprésence de David, la célèbre statue de Michel-Ange (une nouvelle est même consacrée au grand sculpteur de la Renaissance), unité de lieu (presque toutes se passent en Italie) et de style, celui du fantastique ou du merveilleux au quotidien. Et c’est là que le bât blesse car ce quotidien est fort banal pour ne pas dire trivial et bien décevant. L’imagination, le rythme et le surprenant sont rarement au rendez-vous. Apparemment l’auteur se veut styliste, ciseleur de phrases mais ne produit qu’une prose verbeuse, filandreuse et ampoulée. Il étale tant de référence culturelles (déformation professionnelle sans doute, M. Comanzo est maître de conférences à l’Université de Dijon) qu’il en devient souvent pompeux, cuistre et au bout du compte lassant. Deux ou trois nouvelles sortent de ce lot inégal « L’idéal masculin » pour son côté fantastique au quotidien et pour sa chute réussie, « Cocody Connection » pour son humour et malgré une fin attendue et « Le Musicien », à mon avis la mieux réussie car c’est un joli petit conte philosophique.