Trève de balivernes : Pour en finir avec l'hypocrisie
de Georges Frêche

critiqué par Fabrice ROUDERIES, le 26 octobre 2010
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Des idées pas très Frêche ?
Quel sinistre hasard, le jour où je rédige cette critique, j’apprend le décès de son auteur. Serai-je plus conciliant pour autant ?

N’attendez pas de moi une participation au bal des faux-culs, c’est à dire d’encenser aujourd’hui celui que l’on brûlait hier au seul prétexte d'un respect dû au défunt.

Cette critique sera tout aussi franche et objective que l’auteur pouvait parfois l’être.

En préambule je dois vous avouer que la lecture de ce livre s’était mal engagée…alors qu’il ne fait que 120 pages, j’ai mis plusieurs mois à le lire, abandonnant plusieurs semaines puis tentant de reprendre.

Ni le fond, ni le style ne m’ont accroché : l’intérêt n’y était définitivement pas !

Georges FRECHE était un homme politique accompli, 40 ans de carrière, ancien député-Maire, ancien président de la communauté d’agglomération de Montpellier et Président de la région Languedoc Roussillon.

De ce Professeur cultivé d’histoire du Droit et de Droit Romain, j’appréciais la forme de son discours, ses éructions publiques, son franc-parler et ses menaces à peine voilées… le fond me laissait quelque peu indifférent.

Il l’écrit lui-même, il est « quelqu’un du sud…qui a de la faconde, du bagout, qui aime l’esbroufe et les bons mots ».

Ce PASQUA de gauche savait parfaitement manier la provocation, user de l’émoi (souvent feint) de ses détracteurs, drapés dans le moralisme et la pensée unique.

Et enfin, retourner les attaques en jouant le martyre de province contre les méchants jacobins.
Ce livre en est une fois de plus la preuve.

D’une expression française, somme toute banale - « il a une tronche pas très catholique »- certains lui ont reproché une blague à visée antisémite… une Fabiusade.

Pas de quoi fouetter un chat et pourtant, déjà dans la ligne de mire des dirigeants du Parti Socialiste, il n’en fallait pas plus pour déclencher l’hallali sur celui qui avait déjà éructé en 2006 sur les « blacks dans l’équipe de France de Football » et le fameux épisode languedocien sur les « sous-hommes » adressé à deux Harkis vindicatifs.

En pleine campagne électorale, l’occasion était trop belle pour ce Président de région d’éluder toute critique de gestion ou de politique et concentrer le débat sur un affrontement entre parisiens et provinciaux ; entre pensée unique et pensée rebelle.

Ce livre, sorti un mois avant l’élection, fut la dernière flèche de cette stratégie payante, puisque G. FRÊCHE fût largement soutenu par ses électeurs.

Voilà donc les éléments contextuels qui présidaient à l’écriture de cet opuscule.
Les 60 premières pages sont une critique en règle d’un Parti Socialiste arc-bouté sur des principes, au service de quelques-uns et dont il fut le trublion déjà depuis le règne de Mitterrand.

Il annonce dès la page 51 « globalement, le programme socialiste est épuisé » mettant ainsi fin à la continuité des utopies de gauche et ouvrant la voie à la démonstration que le PS n’est plus qu’un instrument de luttes intestines destiné à servir des intérêts personnels et de pouvoir.

Dans la suite du livre, il prend la posture de l’homme provincial contre le «
parisianisme » ambiant ; le bon samaritain du sud contre les « rudes barons du Nord ».

Cocasse antagonisme dénoncé par lui, lorsque son comportement en Languedoc tient plus d’un Marquis provincial, voire d’un parrain local que d’un politique au service de l’intérêt général de ses concitoyens.

« Je n’ai pas non plus envie de vous prendre pour des cons …de vous mener en bateau, de vous raconter des craques» assène-t-il à son lecteur (électeur) en page 79 …plus il en écrit et moins on le croit !

Je le crois d’autant moins qu’il disait exactement le contraire de ses électeurs catalans devant un parterre d’étudiants… « j’ai toujours été élu par une majorité de cons ».

Il termine son livre (P. 100-104) en décrivant sa conception de la politique, une description sanglante où il faut attaquer le premier pour survivre et piétiner avant que de l’être, y compris par ses « amis » politiques.

Si on peut être séduit par la gouaille du personnage et quelques bons mots, ce livre ne se caractérise malheureusement pas par la qualité des démonstrations, mais par le vide des analyses qui y sont portées et par le creux du discours.

Difficile d’accrocher et d’en conseiller la lecture dans ces conditions.

F. ROUDERIES