Van Gogh et Gauguin
de Douglas W. Druick, Peter Kort Zegers (Co-auteur)

critiqué par Jules, le 5 mars 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un superbe livre sur deux grands génies de la peinture mondiale
Ce livre est édité chez Gallimard par The Art Institute of Chicago et le Van Gogh Museum
Amsterdam. Il étudie la peinture des deux artistes déjà avant la période d’Arles ainsi que l’évolution de chacun. Ils se connaissaient déjà à Paris et Van Gogh subissait plutôt l’influence du caractère de Gauguin qu'il considérait un peu comme un « maître »
Gauguin partira en Bretagne, à Pont Aven, où il peindra une grande partie de son œuvre, alors que Van Gogh sera attiré par le Midi. C’est lui qui fera tout pour décider son ami à venir le rejoindre à Arles. Gauguin y arrivera de mauvaise humeur et n’aimera jamais beaucoup la région. Il avait la parole facile et plutôt une bonne opinion de lui-même. En outre, Théo Van Gogh venait de vendre un de ses tableaux pour 250 F et il arrive donc avec un peu de moyens. Pour comprendre le mental de Van Gogh vis à vis de son ami, il faut savoir qu'à Paris Van Gogh avait donné deux de ses tableaux à Gauguin pour avoir une toile de ce dernier. Cela peut se comprendre quand on voit qu’un Gauguin valait 250 F (un Monet 1.000F) alors qu'un Van Gogh en valait zéro !
Pour autant, Van Gogh ne renonce jamais à ses propres conceptions de son art, ni à sa
technique. C'est un peu cela aussi qui fera qu'au fil des jours l’ambiance deviendra plus tendue entre les deux amis et que Gauguin finira par partir. Il aura également des craintes quant à la santé mentale de Van Gogh.
La période pendant laquelle les deux artistes vont peindre chacun les mêmes sujets est très courte. Elle s'étendra du 23 octobre au 23 décembre 1888.
Ils peindront des vues d’Arles, des autoportraits, des Arlésiennes, des intérieurs de cafés, des champs, l’un l'autre peignant etc.
Je verse totalement dans la subjectivité la plus totale quand j’avoue avoir une nette préférence pour les tableaux de Van Gogh à ceux de Gauguin. Je trouve Van Gogh plus puissant, dans le trait comme dans les couleurs. A mes yeux, son « Café de nuit » dépasse celui de son rival, ainsi que son « Patience Escalier à la canne » dépasse « le « Vieil homme à la canne » qui est bien plus sombre et un peu terne. Son autoportrait en vert ainsi que sa « Nuit étoilée » sont de purs chef-d’Ïuvres !. Ceci n'est évidemment que mon avis et, en tout état de cause, nous sommes ici en présence de deux grands génies de la peinture.
Si vous aimez ces deux artistes, ne manquez pas d'acheter ce livre. Il est très complet et passionnant ! Pour ceux qui le veulent, il y a également l'exposition d’Amsterdam.
Une fascinante rencontre artistique 10 étoiles

Je reviens émerveillée de l'exposition Van Gogh - Gauguin d'Amsterdam. La mise en commun des oeuvres de ces deux captivants artistes, complices et rivaux, met à nu le génie des deux hommes. Du prodige au drame, leur vie commune dans la maison jaune fut mère d'une intense influence dans leur art et dans leurs existences. Mes goûts me portent également vers Van Gogh et son besoin de s'inspirer de natures, son symbolisme, plutôt qu'à l'imaginaire de Gauguin. Mais il est fascinant de voir à quel point les deux artistes (bien que Van Gogh fut le seul à l'admettre), partagèrent leurs attentes de la peinture pour s'en inspirer chacun. Chaque événement marquant de ces deux vies exceptionnelles a laissé sa trace dans leur art, même si chacun est resté sur le chemin de ses premières intentions, et ce superbe livre en est un extraordinaire témoin.

Bluewitch - Charleroi - 44 ans - 7 avril 2002