Ville fantôme de Robert Coover

Ville fantôme de Robert Coover
(Ghost town)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Dirlandaise, le 20 octobre 2010 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 2 823 

Putain d'enfer !

Un homme chevauche seul dans le désert. Où va-t-il ? Quel est son but ? Une ville se profile à l’horizon et il tente de la rejoindre mais elle se dérobe constamment. Parfois elle se trouve devant lui, parfois elle est derrière et il ne sait plus trop si elle existe ou bien si elle n’est qu’un mirage. Il finit pourtant par l’atteindre et se sent bien heureux de trouver enfin un endroit où se reposer et reprendre des forces mais il ne sait pas qu’il vient de pénétrer dans un putain d’enfer peuplé d’êtres abjects, mi-hommes mi-bêtes qui lui en feront voir de toutes les couleurs.

Le début est magnifique. De belles phrases que je qualifierais de poétiques mais l’auteur n’a pas donné la pleine mesure de son indéniable talent car il se laisse aller à une sorte de délire nourri par son imagination débordante et raconte une histoire complètement folle, déjantée sans y introduire un brin de philosophie qui aurait transformé du tout au tout le ton du récit et, aurait métamorphosé une histoire divertissante en chef-d’œuvre de surréalisme. Car l’idée de départ est excellente mais je suis restée sur ma faim. Robert Coover se plaît à étaler les détails sordides et répugnants, les scènes scabreuses, l’immonde vulgarité des habitants de la ville, leur état de déchéance autant physique que morale. Il multiplie les scènes de brutalité, les folles poursuites, les cavalcades effrénées sans jamais atteindre un niveau d’écriture qui m’aurait fait vibrer. Il emploie souvent des expressions bizarres et déforme des mots dans les dialogues comme par exemple « priznière » pour « prisonnière » et « chaipas » pour « je ne sais pas ». J’ai trouvé cela légèrement agaçant. Par contre, je me suis follement amusée et jamais je n’ai eu le goût d’abandonner tellement le héros m’était sympathique.

Ce livre m’a rappelé « Cul de sac » de Kennedy par son côté absurde et déjanté. C’est un auteur à découvrir enfin moi, je ne lui ferme pas ma porte car il a un style tout à fait particulier qui, malgré sa brutalité et ses excès, m’a bien divertie. La fin est tout aussi magnifique que le début. Vraiment dommage que tout le livre ne soit pas du même jet.

« Morne horizon sous un ciel vitreux, désert plat, touffes d’armoise, broussailles, butte lointaine, cavalier solitaire. C’est un pays de sable, de rocs desséchés et de choses mortes. Pays de vautours. Et c’est un pays qu’il parcourt. Parce que : c’est ici qu’il est maintenant, et par ici il n’y a aucune raison de s’arrêter, de revenir en arrière non plus, il n’y a rien là-bas vers quoi revenir. Son visage mince est protégé du soleil au-dessus de lui par un feutre rond à large bord, brun pâle comme le pays qui l’entoure, vieux et cabossé. Un foulard, sans doute rouge autrefois, noué autour du cou, recueille le peu de sueur que, dans son état desséché, fesses meurtries par la selle, il sue. Un gilet souple et déchiré, une chemise grise, jambières de peau usées par la piste sur un jean sombre enfoncé dans des bottes pointues crottées, tout cela bousillé, et élimé, et battu par la pluie, racorni par le soleil et le vent et crasseux de poussière, voilà l’image qu’il donne, ce cavalier solitaire migrant avec lenteur et obstination sur la plaine désertique. »

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Les éditions

  • Ville fantôme [Texte imprimé], roman Robert Coover traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Hoepffner
    de Coover, Robert Hoepffner, Bernard (Traducteur)
    Seuil / Fiction & Cie
    ISBN : 9782020368698 ; 19,30 € ; 14/05/2010 ; 220 p. ; Broché
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