Un cri dans le désert
de Frank Conroy, Suzanne Nétillard (Traduction)

critiqué par Lejak, le 18 septembre 2010
(Metz - 49 ans)


La note:  étoiles
une autobiographie à 34 ans
Qu'est-ce qui peut bien pousser un homme à écrire une autobiographie à 34 ans ?

Le fait de rouler à plus de 180 kilomètres/heure sur une route de campagne anglaise, en pleine nuit, de surcroît alcoolisé, est le début d'un élément de réponse ...

Ce roman est le premier des 2 écrits par Conroy. Le second ("Corps et âme") est entré dans la liste des plus beaux livres qu'il m'ai été donné de lire.
Celui-ci est différent - il s'agît d'une autobiographie (à quel point romancée ?) - rédigé 26 ans avant "Corps et âme".

Conroy nous parle de son enfance, particulière. Il nous décrit son errance de jeune garçon, abandonné par les siens, au sens que son père disparaît alors qu'il n'a que 4 ans, et que sa mère ne s'occupe pas beaucoup de lui. Il n'est pas malheureux pour autant, mais il reste fondamentalement seul. Seul avec lui-même. Il dira à un moment donné qu'il est comme enfermé dans son corps, cloîtré avec lui-même. Et quand il hurle sa détresse, son désespoir ou sa colère, c'est dans un désert de solitude ...

En lisant "Corps et âme" en premier, j'en ai conclu que la vie du petit pianiste prodige ressemblait fort à une vie rêvée. Conroy et ce petit garçon ont en commun une enfance qui ne prédispose pas à un grand avenir (parents en difficulté, éducation chaotique ...) et l'amour de la musique et du piano en particulier. Mais à la différence du petit garçon, génie du piano que l'on va mettre dans la lumière, Conroy a du mal à se dessiner un avenir, cherche, tâtonne ...

Le roman est bien écrit mais manque de la puissance narrative qui a fait de son second livre un chef d'oeuvre. "Corps et âme" est unique, et le restera (Conroy est décédé en 2005).