Le Goût âpre des kakis
de Zoyâ Pirzâd

critiqué par Tistou, le 13 septembre 2010
( - 67 ans)


La note:  étoiles
5 nouvelles
Cinq nouvelles de la romancière iranienne avec un fil rouge : la femme iranienne et plus spécifiquement la femme iranienne et le couple iranien.
On s’en doute, il ne s’agit pas de sinécure ou d’un long voyage tranquille. Qu’elles respectent et s’enferment dans la tradition, qu’elles s’essaient à la modernité, les héroïnes de Zoyâ Pirzâd doivent pas mal « ramer ».
“Le matin, après le départ de Madjid pour le bureau, Simine faisait la vaisselle du petit-déjeuner et rangeait la chambre. Elle passait à la salle de bains, ramassait la serviette que Madjid avait jetée par terre, revissait le bouchon du dentifrice, rangeait le nécessaire à raser qui traînait autour du lavabo qu'elle lavait, ainsi que la baignoire, avant de les essuyer. Alors elle téléphonait à sa mère. Elle lui racontait le menu du dîner de la veille, lui décrivait celui du déjeuner et lui donnait des nouvelles tandis que sa mère lui parlait de la maison.”

Les hommes n’y ont pas le beau rôle –moralement. Car pour ce qui est du choix de vie, du confort, de “l’autorité” conférée par leur simple masculinité, là, c’est plus facile.
Dans “Les taches”, Leila s’abuse lorsqu’elle croit avoir trouvé en Ali, le mari idéal, accessoirement l’homme de sa vie. Elle s’abuse comme Ali abusera de son statut d’homme. La fin de la nouvelle s’ouvre néanmoins sur une possibilité d’espoir. Amer toutefois, l’espoir.
Dans “L’appartement”, c’est la difficulté d’une femme iranienne qui veut s’assumer seule qui est illustrée. Pesanteur des traditions et de la mentalité machiste institutionnalisée ... Mon Dieu !
“Le Père-Lachaise” est plus allusive. Mais guère plus rassurant quant à la marge de manoeuvre feminine.
“L’harmonica” a une portée plus universelle. De femmes il est question, oui, mais d’hommes aussi, centralement. Et ça n’est pas forcément plus simple. Mais toujours aussi nostalgique et amer. Le Bonheur flamboyant et sans retenue a-t-il droit de cité en Iran ?
Enfin, la nouvelle éponyme est comme un petit conte qui nous fait le raccourci de l’évolution politique en Iran sur les ... 40 (?) dernières années. Par le biais de “Madame”. Grandeur et decadence au fur et à mesure de l’évolution politique du pays.
Fil rouge : la femme iranienne ai-je dit ? Oui. Mais aussi une certain constance dans la nostalgie, l’inaccompli, l’autocensure feminine. Goût âpre des kakis ? Amertume aussi.
AH ! LE MIRZA GHASSEMI 9 étoiles

Une belle couverture des éditions Zulma qui ne demande qu'à être cueillie comme le précieux kaki sur le plaqueminier , cinq nouvelles persanes pleines de saveur , au sens propre car la cuisine et les plats iraniens parfument cette belle écriture de leur saveur Ah! le fesendjan ( ragoût d'agneau au noix et à la grenade ) Ah ! LeMirza Ghassemi ( aubergine frite d'ail de tomate et d'oeuf ) cinq nouvelles qui se laissent appréhender tout doucement avec leurs petites musiques entêtantes pleines de charme et qui mine de rien finissent par nous envoûter riches d'une fin à chaque fois qui surprend, avec une préférence pour les 3 dernières, on apprend beaucoup de belles choses sur ce pays l'Iran mal connu en définitive, l'épisode du Père Lachaise où se trouve le tombeau de ce grand écrivain persan Sadegh Hédayat ami des surréalistes en témoigne , les personnages surtout féminins sont magnifiquement décrits, un auteur, donc, que je continuerai à lire !

OSCARWY - - 67 ans - 7 mai 2015