Oedipe, ou, Le roi boiteux
de Jean Anouilh

critiqué par Jules, le 21 février 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Avons-nous un destin ? Est-il inéluctable ?
Ici, c’est du destin qu'il sera question. Après Antigone qui s’est battue pour les droits inhérents à la personne humaine, après Becket qui s'est opposé à un roi au nom du pouvoir suprême de l’église et de Dieu, Anouilh nous montre Œdipe qui affronte le destin.
Mais je crois qu’un petit rappel de l'histoire d’œdipe pourrait intéresser certaines personnes. Il était le fils de Laïos, roi de Thèbes, et de Jocaste. Son père ayant appris par un devin qu’un jour il serait tué par son fils, décide de faire tuer l'enfant. Mais le domestique chargé de la besogne se limite à l'abandonner dans la forêt. Il est recueilli par un passant et sera élevé à la cour de Corinthe. Des années plus tard, un jour qu'Oedipe se rend à Delphes, il rencontre un homme en chemin. Une dispute surgit et il tue l'homme : c'était son père, Laïos. Il poursuit son voyage et se présente devant le terrible Sphinx qui terrifie Thèbes. Il répond à sa question et le Sphinx meurt. Fous de joie, les habitants de Thèbes le nomment roi et il épouse la veuve de l'ancien roi, Jocaste. Il en aura quatre enfants : Etéocle, Polynice, Antigone et Ismène.
Et quand je vous aurai dit qu’au début de la pièce Thèbes souffre d’une terrible sécheresse depuis des mois et que la population se demande ce qu’elle a fait aux dieux pour mériter un tel sort, je pourrai emprunter cette réplique au Chœur pour débuter ma critique : « Voilà. Œdipe est prêt à jouer maintenant la pièce pour laquelle de toute éternité, sans doute, il avait été créé. Il va aller jusqu’au bout. »
Un seul témoin du fait qu'Œdipe n'a pas été tué tout bébé : le serviteur qui l’a abandonné en forêt. Il vit toujours, vieux et aveugle, dans les montagnes. Il descendra en ville et toute l’histoire va exploser aux yeux d’œdipe et des habitants de Thèbes. œdipe est parricide, a épousé sa mère et en a eut des enfants !… Voilà pourquoi la ville est punie des dieux !.
œdipe va se débattre, menacer le vieillard, hurler l'impossibilité de toute cette histoire, en appeler à la reconnaissance du peuple, rien n'y fera… Jocaste va tenter de le raisonner, de l'arrêter dans ses recherches de la vérité, dans ses déductions en lui disant : « Tais-toi. Tous ces mots. Tous ces mots ! Tous ces mots ! Qu'avez-vous donc à chercher toujours, vous les hommes ? Cela ne vous suffit donc pas de vivre ? »
Et c'est son beau-frère, Créon, qui aura le dernier mot : « Tu m'as méprisé hier quand je t’ai dit que le bonheur suffisait bien. Il ne faut pas attirer l'attention des dieux, œdipe. Il faut se faire tout petits, tout petits, pour qu’ils nous oublient. » Et, à Œdipe qui refuse d’accepter ce raisonnement, il poursuit : « Oui. Mais c’est la seule chance de l'homme. Dès qu'il n’accepte plus, dès qu'il a une idée : cela tourne au massacre. »
Les anciens Grecs n’aimaient pas que l'on tente de s'opposer aux dieux et au destin ! Cela sortait de leur notion de « l'équilibre ».
Face à son destin ! 8 étoiles

Pour connaître l’histoire d’Œdipe je vous renvoie à la critique de Jules qui l’a très bien résumée.
Anouilh suit bien le texte de Sophocle, avec un Œdipe moins violent, moins écrasé par son destin. Le rythme est lui aussi plus moderne comme le langage. Une pièce très bien revisitée, à découvrir.

Dudule - Orléans - - ans - 15 février 2009