Les Temps sauvages
de Joseph Kessel

critiqué par Shelton, le 30 août 2010
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Un voyage dans le temps et l'espace... Impressionnant !!!
Joseph Kessel est un homme qui a d’abord été un aventurier, plus exactement un homme qui a d’abord agi avant de réfléchir, avant de vouloir écrire, avant de devenir un académicien, c’est à dire un homme figé dans l’éternité. Tout au long de sa vie active, il n’a jamais eu peur d’expérimenter, de prendre des risque, d’oser ! C’est ainsi que lors de la première guerre mondiale, il s’est retrouvé dans l’une des premières escadrilles de chasse de l’armée française. Ces unités aériennes étaient composées de soldats, d’aventuriers et de fins observateurs. C’est d’ailleurs cette combinaison qui leur permit, du moins pour certains, de survivre… C’est aussi au cœur d’’une de ces unités que nous retrouvons Joseph Kessel, en 1918, dans les premières pages de cet ouvrage « Les temps sauvages »…
Avec «Les temps sauvages », Joseph Kessel nous emmène au bout du monde pour une aventure peu commune, voir au limite de l’absurde. En 1918, la guerre change considérablement de figure. Ce n’est plus la confrontation de fantassins et d’artillerie dans l’entre tranchée, il s’agit maintenant de poursuivre les Allemands jusqu’à chez eux pour qu’ils ne reviennent plus ! Les risque ne semblent plus les mêmes, l’aventure tire à sa fin…
Soudain on cherche des volontaire pour rejoindre une unité internationale que l’on crée en Sibérie pour prendre les Allemands à revers. Joseph Kessel parle russe, aime ce pays, le voilà-donc qui se porte volontaire… L’appel de l’inconnu, un péril de plus à vaincre, la sortie du ronron quotidien…
Il embarque à Brest, le 11 novembre, c’est à dire le jour où les cloches de tout le pays résonnent pour annoncer le retour de la paix avec cette première étape qu’est la signature de l’armistice entre la France et l’Allemagne… Pourtant, les volontaire pour la Sibérie partent bien dans ce vaisseau américain…
Ils vont d’abord rejoindre New-York, puis San Francisco en train, puis Vladivostok en bateau de nouveau. Beaucoup d’interrogations sur le devenir de cette force alors que la paix s’installe… Pendant la traversée en bateau, Joseph joue et perd sa solde mais aussi celles à venir… Aux Etats-Unis, ils sont célébrés par le peuple comme des soldats victorieux, ils sont bien les premiers combattants à rentrer d’Europe… A Vladivostok, ils sont abandonné dans un cloaque innommable, dans une inorganisation inimaginable !
Joseph Kessel va y rester quelques semaines où il alternera travail, découverte de la ville et nuits blanches noyées dans la vodka. Ce récit est centré sur la vie de Lena… mais je vous laisse découvrir les grandeurs et les misères de cette pauvre femme russe…
Pour Joseph Kessel, une parenthèse sauvage se referme, un temps court dont il aurait pu ne jamais revenir et qu’il a voulu transformer, plusieurs année après en un récit fort et très bien écrit, tout à fait représentatif de son écriture, de son style, de sa vie, aussi. Peur de rien, curieux de tout et envie de tout nous dire pour nous faire peur, nous dépayser… mais jamais nous faire la moral !
Quand l’épisode se referme, quand ces temps sauvages s’éloignent, quand les nuits redeviennent un temps de repos… Joseph Kessel revient à la vie ordinaire et il attendra assez longtemps avant de raconter ce chapitre de sa vie qui, comme souvent chez lui, est plus dense que la meilleure page de fiction… Oui, chez lui le vécu fait plus rêver que le roman !