Elégie pour Laviolette
de Pierre Magnan

critiqué par Spiderman, le 30 août 2010
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Modeste Laviolette est vivant !
On l'avait cru mort et « Le Parme convient à Laviolette » avait laissé un goût amer aux fans de ce détective pétri d'humanité, de principes et de doutes.
C'est dans un cimetière du Champsaur qu'il ressuscite et Pierre Magnan n'a pas perdu la main : c'est du très grand Laviolette.
On appréciera mieux cette Elégie si l'on a lu le premier volume des enquêtes du commissaire dignois, « Le Sang des Atrides » sur lequel l'introduction apporte d'amusants détails.
Ceux qui ont suivi toute l'oeuvre de Pierre Magnan y détecteront d'attachants échos avec d'autres livres : un cadre proche de celui des « Courriers de la mort », un mode opératoire criminel évoqué dans « L'Arbre », l'aphrodisiaque des « Charbonniers de la mort », la tontine du « Tombeau d'Hélios », les conciliabules de vieilles dames de « L'Amant du poivre d'âne », avec une mention toute particulière au « Chant du monde », point de référence indispensable « Pour saluer Giono », le voisin, l'ami, le modèle.
Ce livre a toute la saveur du pain longuement et amoureusement pétri à la main. Magnan reste l'un des plus formidables artisans de la langue qu'il triture, malaxe et laisse reposer pour le plaisir de ses lecteurs. Ses réflexions sont aussi celles d'un homme à qui le cimetière, s'il est un avenir proche parfaitement assumé, donne envie de partager encore l'amour de la vie : du sexe, du bon vin et des échanges humains.
Et comme Laviolette est vivant à la fin du livre, l'espoir demeure de le voir revenir encore nous offrir une enquête pleine de sagesse, de secrets et de joies partagées.
Gaitou 10 étoiles

Merci Mr Araignée vous m'ôtez le souci de mal écrire ce que vous exprimez parfaitement; preuve indiscutable de votre parcours dans ce panorama en savourant ses points de vue.
A propos de l'ouvrage, sorte de marquèterie du compagnon do pebre d'aï, nous dinions en bonne compagnie sur les pentes d'une colline gapençaise quand le propos invita Magnan sur les velours d'un Cornas.
Quel auteur.... et... avez vous lu son dernier livre?
- J'ai! (suit une tirade d'une farine type "Spiderman")
- Et bien moi, me dit notre hôte .... (tirade type "Tistou")
Pensez, je ne l'ai pas tenu quitte.
Ici bas, lorsque les arguments viennent à manquer de poids, il est de coutume d'en appeler aux citations d'autorités, qu'elles soient dans la science en question ou reconnues pour imposer le respect. Le maître des lieux argua donc des ses hésitations à offrir le livre à sa sainte femme de mère au prétexte qu'il le jugeait non seulement d'un intérêt moyen, alors qu'il se targuait de bien connaître la valeur du reste de l'œuvre, mais, au surplus, comment dire... quasiment licencieux.
Grand merci au divin Côtes du Rhône rive droite et à ses effluves qui m'inspirèrent un fou rire entrecoupé de: non seulement ta maman a du en voir d'autres, mais on ne peut que lui souhaiter.qu'elles fussent de cette qualité d'être!
Adesias

Bredane - - 72 ans - 22 novembre 2016


Ressuscité d’entre les morts 4 étoiles

Ah, le commissaire Laviolette ! Parenthèses de polar enchantées dans l’arrière-pays provençal. Que nous a-t-il enchantés dans des épisodes bucoliques et ensoleillés. Digne ou Sisteron, ce n’est pas Paris ou New York. Mais des commissaires il en faut aussi là-bas. Et donc Laviolette. Magnan comme un Jim Harrison provençal qui aurait décidé de faire dans le polar.
Nous avions laissé le commissaire Laviolette pour mort dans « Le parme convient à Laviolette ». L’intemporel et débonnaire commissaire avait reçu une décharge de chevrotines en travers du corps … Basta !
Et puis … des années après … cette « Elégie pour Laviolette ». Non, il avait été laissé pour mort mais découvert à temps, soigné, guéri et revenu, même si diminué, dans le monde des vivants, et des actifs de la police. Et voilà qu’on a besoin de ses services atypiques à Gap, plutôt qu’à Digne. On a besoin de son sens de l’introspection lente, seule capable de déchiffrer les mystères qui se cachent chez les « taiseux » des Alpes de Haute Provence ou des Hautes-Alpes.
Le problème ici, c’est que Pierre Magnan m’a donné l’impression de faire l’épisode de trop. Décousu à la diable, mal fagoté. J’ai voulu y croire à mon Laviolette, à Gap … Mais non, un ressort s’était grippé dans la mécanique du polar mode provençale. Ou c’est moi qui ait mal vieilli ? Pierre Magnan sollicite pourtant des classiques du Laviolette d’avant, notamment du « Sang des Atrides », comme s’il revisitait son œuvre, mais le « liant » manque pour que les morceaux fassent un plat.
Celui-ci m’a déçu, hélas. Non pas qu’il soit mauvais à l’aune des romans lambda. Non, il y a toujours de la grâce de Pierre Magnan pour éclairer les paysages provençaux et ses autochtones les plus endurcis du même soleil affectueux qui, le matin, à son lever, projette tout à coup de l’or sur les sommets des montagnes et les fait passer de tas de cailloux gris à monde merveilleux. Mais il n’y a pas la maestria dont il faisait preuve dans le Laviolette d’avant. Avant les coups de chevrotine.
A noter une très intéressante préface de Pierre Magnan lui-même qui revient sur le début de sa carrière, la naissance du personnage Laviolette et le Prix du Quai des Orfèvres, en 1978, pour « Le sang des Atrides », justement. Un éclairage rétro passionnant qui nous donne à voir sur l’intimité d’un écrivain, dans l’acte d’écrire, dans le fait d’accéder à une notoriété.

Tistou - - 67 ans - 20 mars 2012