Papillon mortel
de Evelyne Wilwerth

critiqué par Ddh, le 26 août 2010
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
un sujet brûlant traité avec doigté
Un papillon n’est, en soi, pas mortel. Mais c’est, à ses yeux, le froissement d’ailes d’un papillon noir qui indispose Edwige l’héroïne du roman.
Eveline Wilwerth, romancière belge, anime également des ateliers d’écriture. Elle a fait publier un recueil de nouvelles (Embrasser la vie sur la bouche), une biographie (Neel Doff). Elle a écrit aussi pour le théâtre (Souriez… vous vieillissez) et des livres pour la jeunesse.
Elle ne se souvient de rien et se retrouve enfermée, séquestrée. Elle ? Ses gardiens l’appellent Edwige. Elle a mal partout. Elle revient à elle petit à petit. Des flashes lui remontent à la surface : journaliste indépendante travaillant auprès des ONG, Pina son amour, sa fille Dune, son enfance, ses parents. Elle endure les pires conditions que lui infligent ses tortionnaires. D’une cache à l’autre, elle est transbahutée, toujours les yeux bandés. Courageuse, elle essaie de faire face, de reconnaître ses geôliers à des détails auditifs ou olfactifs. C’est sa lutte à elle, pour ne pas sombrer. Elle fait penser à la journaliste Laurence Aubenas, elle aussi séquestrée.
Avec beaucoup d’élégance et sans jamais donner dans le misérabilisme, Eveline Wilwerth imagine les conditions que doivent connaître les journalistes séquestrés encore de nos jours. De belles descriptions, des passages poétiques complètent la palette de talents qu’étale cette écrivaine de chez nous qui mérite sans aucun doute l’un ou l’autre prix littéraire. Ce ne serait qu’un juste retour des choses.