Féerie pour une autre fois, Tome 2 : Normance
de Louis-Ferdinand Céline

critiqué par Jules, le 16 février 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Le monde explose !
La guerre va vers sa fin, les alliés ont débarqué, et Louis - Ferdinand est toujours à Paris. Paris qui se réveille, Paris qui se secoue, Paris qui attend les nouveaux vainqueurs…
L’air y devient malsain ! Les avions alliés bombardent les faubourgs, la DCA tire tous azimuts, des incendies éclatent. En prime, le bon peuple se découvre de très soudains élans patriotiques, un fond de stock, oublié depuis des années, de courage et de résistance à l'occupant.
Louis & Ferdinand occupe toujours son petit appartement de Montmartre. Mais ça secoue !… Ca grince !. Ca chaloupe à plus en pouvoir !… « Cette vue côté Nord vaut la peine, franchement ! c’est par là l'éruption grandiose !… dix fois, vingt fois le cratère Renault ! et les bombes tombent en grappes ! en rejaillissent vert ! bleu ! des geysers à travers les nuages !… ah c’est du terrible fantastique ! des féeries si outrées de couleur que même pas artiste comme je suis je me dis : saperlipopette ! c’est de l'éblouissement qu’a pas de prix ! de tels déferlements de beautés ébranlent l’univers ! d’autres générations verront peut-être du plus et du mieux. encore ?. encore ? »
Et les nouveaux résistants, ceux de la dernière heure, modèle tout neuf vient de sortir, ont comme une envie de défoulement et mon Louis – Ferdinand de se méfier…
des bruits courent. Déjà que lui, l’humanité, des illusions il s'en fait pas des montagnes. « .question des hommes et des femmes y a que les malades qui m'intéressent. les autres, debout, ils ont tout vice et méchancetés. je fous pas mon nez dans leurs manèges. la preuve : comme ils arrangent leur cirque que c’est plus habitable, vivable, par terre, en l'air, ou dans le couloir ! … Y a que couchés, crevants et malades qu'ils perdent un peu leur vice d’être hommes, qu’ils redeviennent pauvres animaux, qu'ils sont possibles à approcher… »
L'appartement vole, tangue, les cadres tombent, le bahut se carapatte doucement et ils sont là, ébahis, stupéfiés par le bruit des avions, des bombes, de la DCA et tout le reste. Il y a Lili, Louis - Ferdinand, le chat Bébert, l’ami Normance (un vrai bahut), des voisins et le Jules, crapuleux lubrique et cul-de- jatte, qui n’a qu'une idée : profiter de tout ce bordel pour tenter de s’envoyer la Lili à Ferdinand !…
C’est dans ce livre que Céline tient son record du nombre de mots inventés ! Un petit échantillons ?. « cataclystes, miraginant, aravions, taravions, prestiditiger, stratagémeux,
érupter, paratraphosphore, collisionner, toboganner, taraviateurs, barafouille, emmélimouillé… » J'en passe et
des meilleurs !…