Le notaire du Havre
de Georges Duhamel

critiqué par Frunny, le 16 août 2010
(PARIS - 58 ans)


La note:  étoiles
l'ascenseur social est coincé au rez-de chaussée.......
1er volume ( 1/10 ) de la chronique des Pasquier , " Le Notaire du Havre " retrace la vie de la famille Pasquier ( Raymond , Lucie et leurs quatre enfants ) en quête d'ascension sociale .
Raymond Pasquier est laborieux et décide d'entreprendre des études de médecine sur le tard ( il a la quarantaine ) mais la famille tire le diable par la queue .
La perspective d'un important héritage ( suite au décès de la tante de Lucie ) modifie les plans et donne des ailes aux membres de la famille pour réaliser de coûteux projets.
L'héritage tarde à être débloqué , Raymond Pasquier s'endette , effectue de mauvais placements . On assiste à la décomposition lente et inéluctable de la famille et de l'entourage proche ( escroquerie , prison , tromperie , .... ) .
Les Pasquier sont ruinés et obligés d'accepter un arrangement pour récupérer une partie de l'héritage et apurer les dettes contractées .

Georges Duhamel révèle l'Homme dans sa grandeur et sa misère.
Il met en lumière le courage , le travail mais également les viles bassesses.
Une excellente dissection au scalpel !
Souvenirs d’enfance. 10 étoiles

Le Notaire du Havre est le premier des 10 livres de La Chronique des Pasquier et cette chronique doit être considérée comme l’autobiographie de Georges Duhamel ; d’ailleurs, il ne s’en cache pas : dans une lettre qu’il adresse à Mauriac et dont des extraits figurent sur la jaquette de mon édition (Flammarion), il le dit clairement : les Pasquier c’est ma famille.

Dans ce premier livre, chaque chapitre contient seulement quelques pages et évoque un souvenir d’enfance particulier. C’est très amusant à lire parce que c’est raconté par un jeune fils de la famille, qui raconte ses souvenirs à la manière dont tout lecteur se remémore les événements qui ont marqué son enfance.
Il se souvient surtout des soucis d’argent de sa famille qui sont, assurément, le premier souci des Pasquier. Il juge son père et sa mère à la manière d’un enfant de sept ans, avec respect mais sans beaucoup de lucidité. Il parle un peu de ses débuts à l’école et, ce qui m’a frappé, il parle très peu de ses frères et sœurs, c’est à peine s’ils sont nommés. Mais j’ai compris que c’était normal, les enfants à cet âge sont toujours centrés sur eux-mêmes.

Mais pour moi, le premier bonheur de cette lecture est l’écriture de Duhamel. C’est un vrai régal ! J’ai aussi apprécié la reconstitution de l’époque où l’histoire se passe ; nous sommes à la fin du XIXème siècle, une période d’espoir en un monde meilleur, dont les Pasquier devraient jouir dès qu’ils auront reçu un héritage qui leur est promis.
Avec ce premier livre, toutes les pièces sont mises en place et le lecteur est impatient de lire la suite.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 9 novembre 2023


Témoignage d'une époque 7 étoiles

Un livre jauni au fond du grenier de mes parents, un titre qui donne envie de lire parce qu'il y a "Le Havre", c'est avec une grande curiosité que j'ai commencé la lecture de cet exemplaire paru en 1951.

Après un prologue que je trouvai interminable, j'ai pu enfin partager le quotidien de cette grande famille. Partager les espoirs d'argent avec cet héritage attendu, l'espoir de réussite avec les études du père, mais surtout la misère, la faim, la précarité.
Divisée entre admiration et irritation pour le comportement de Raymond, parfois irresponsable, j'ai apprécié le courage de Lucie, cette mère qui soutient, qui nourrit toute sa famille, qui essaie toujours de trouver des solutions ( alors même qu'elle n'a pas le droit d'ouvrir un compte sans l'autorisation de son mari !)

Une plongée salutaire dans la société d'une époque qui semble si lointaine.
J'ai beaucoup apprécié l'écriture, raffinée, élégante, quelquefois un peu affectée quand on la lit 80 ans plus tard.
Et tant pis si Le Havre n'a aucune importance dans le roman !

Marvic - Normandie - 65 ans - 9 février 2018


Tirer le diable par la queue 9 étoiles

En 1889, la famille Pasquier (Raymond, Lucie et leurs quatre premiers enfants, Joseph, Ferdinand, Laurent et Cécile) tire le diable par la queue dans son petit appartement de la rue Vandamme, quartier Montparnasse à Paris. Raymond poursuit d'interminables et fort tardives études et Lucie fait des travaux de couture et s'occupe de ses enfants. Mais un jour, la famille apprend que Lucie pourrait bénéficier d'un héritage suite au décès de ses deux soeurs au Pérou. L'ennui c'est qu'elle n'en a encore que l'usufruit car le décès de l'une des soeurs n'est pas confirmé. L'argent est donc bloqué. La famille ne récupère que quelques meubles et vit dans l'attente de l'arrivée d'une lettre du « Notaire du Havre » leur annonçant enfin la bonne nouvelle... Mais elle tarde à venir et chaque jour la famille s'enfonce un peu plus dans la misère.
« Le notaire du Havre » est le premier des dix tomes que comporte le grand oeuvre de G.Duhamel, « La chronique des Pasquier ». Racontée par la bouche de Laurent, le benjamin des garçons, celui qui deviendra biologiste et est en quelque sorte l'avatar de l'auteur, cette histoire simple et savoureuse d'une famille modeste de la fin de XIXème siècle est intéressante à bien des points de vue. Pour le lecteur d'aujourd'hui, c'est une véritable plongée dans un monde disparu (calèches, allumeurs de réverbères, chanteurs de rue et autres lavandières ayant depuis longtemps quitté nos rues), un témoignage touchant de sincérité sur la vie des petites gens de ce temps-là et une galerie de personnages hauts en couleur : le père étudiant, fort caractère et plutôt grande gueule, la mère courage toute dévouée à sa nichée, la soeur pianiste surdouée déjà promise à une belle carrière et les garçons plus ou moins intéressés par les études, sans parler d'une quantité de personnages secondaires (voisins, connaissances, etc...) comme on n'en rencontre plus. Un début de saga magnifiquement écrit, qui a très peu vieilli, si l'on fait abstraction de quelques envolées lyriques, et qui annonce une suite prometteuse pour cette saga.

CC.RIDER - - 66 ans - 2 juillet 2012