Le Général et moi (68 mon amour)
de Daniel Picouly

critiqué par Killeur.extreme, le 19 juillet 2010
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
Chroniques d'une journée historique.
Il y a plusieurs manières de choisir un livre: une lecture obligatoire qui nous fait aimer un auteur, la réputation d'un écrivain, la quatrième de couverture et la présentation promo de l'auteur ce qui fut le cas avec le livre de Daniel Picouly qui a été publié en mai 2008, pile 40 ans après mai 68, sous le titre "68 mon amour", mais j'ai préféré attendre sa sortie en poche, voilà qui est fait et surprise le titre a changé, sans explication, est-ce à cause de l'illustration choisie?, Un autre livre qui portait le même titre?

Ce roman qui se passe en une journée, le 29 mai 1968, montre la fuite secrète du Général De Gaulle à Baden-Baden, plus pour mettre sa famille à l'abri que pour fuir les évènements de mai 68, la fuite est aussi stratégique, car il joue sur un coup de poker son avenir politique et celui de la France. Le livre nous montre également divers personnages, le narrateur (partie semi-autobiographique) qui a un examen ce matin et ses amis: Nanette, Saint-Mexan son petit-ami en fauteuil roulant et leur grenade, on y croise aussi Pompidou, sa femme, et tout une galerie de personnages dont les motivations seraient assez difficiles à résumer sans trop en dire sur le livre.

L'histoire met du temps à démarrer car on assiste aux préparatifs de de Gaulle et de sa femme pour quitter le pays et on découvre au fur et à mesure les motivations de chacun, mais une fois qu'elles sont définies, le roman devient prenant car l'auteur entretient le suspense (que vont faire Nanette et Saint-Mexan de leur Grenade? De Gaulle va-t-il réussir sa fuite et que cache cette démarche, un abandon du pouvoir ou au contraire un moyen de le renforcer en provocant une crise politique?).

Daniel Picouly passe d'un personnage/d'une histoire à l'autre et change de personnage dès qu'un nouvel élément est apporté. Il nous apprend aussi que la France a eu pendant deux heures un Président de la République Noir: Gaston de Monnerville, le Président du Sénat assure l'intérim lorsqu'un Président laisse vacant le pouvoir, De Gaulle a quitté le territoire sans autorisation, il laisse donc son poste vacant.

Daniel Picouly livre un roman historique vivant, certains passages font penser à du Dumas (la manière de rendre vivant les personnages historiques, de les présenter comme des personnes humaines plus que comme des mythes historiques, de les voir dans leur intimité et d'imaginer les échanges qu'ils ont eu entre eux) un roman où tous les personnages marquent le lecteur des principaux au seconds, voire troisième, rôles et qui donne une idée de ce qu'était mai 68 vu par un écrivain qui avait 20 ans pendant les évènements, qui les a vécu et qui tente de les restituer de manière ludique. Mission accomplie. A lire !!!