Coriolan de William Shakespeare

Coriolan de William Shakespeare
( Coriolanus)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Lisancius , le 6 juillet 2010 (Poissy, Inscrit le 5 juillet 2010, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
Visites : 5 920 

La Tragédie de l'Orgueil.

Tragédie romaine dans la lignée de Jules César ou Titus Andronicus, Coriolan est une pièce plongeant dans la guerre entre les Romains et les Volsques, c'est à dire dans une page de l'histoire qui est tombée pour les quatre cinquièmes des lecteurs dans un impénétrable oubli - heureusement, on comprend très bien sans rien connaître.
C'est l'histoire d'un général talentueux, charismatique, élégant, puissant, craint et respecté, qui mène une guerre sans merci aux Volsques, et qui vient de leur infliger une cuisante défaite quand le rideau s'ouvre. Coriolan, de son vrai nom Caius Martius, est sur le point de devenir Consul ; mais Shakespeare met en scène ses traditionnels fauteurs de trouble, personnifiés par Sicinius et Brutus, deux infâmes tribuns de plèbe, qui redoutent son élection. Ils haranguent les foules, Coriolan n'est pas élu, ni content, il claque la porte au nez de Rome dans une tirade époustouflante et va aider les Volsques. Et là miracle, ceux même qui étaient réduits en cendres au début de la pièce se mettent à conquérir le territoire de nos latins ; ils sont aux portes de Rome quand Coriolan, supplié par sa femme et sa mère dans une autre scène mythique, retourne sa veste une nouvelle fois. Il conclut la paix ; mais les Volsques sont aisément rancuniers, et se débarrassent de ce général qui leur a offert la victoire et la paix.
Tout cela est assez alambiqué ; ce n'est pas la plus simple des pièces de Shakespeare.
La figure de proue de la pièce, celle qui lui donne sa saveur et sa grandeur, c'est, évidemment, le héros ; il a toutes les qualités d'un grand général, mais il est pétri d'orgueil : il lui semble impossible de ne pas être élu, il méprise la foule, il la hait secrètement. De même qu'il semble probable que sans sa femme et sa mère il ait rasé Rome jusqu'à la dernière pierre, sans les deux tribuns, il aurait assis une véritable dictature sur l'Empire. On a donc Coriolan, anti-héros s'il en est, qui ne reste pas moins un extraordinaire guerrier, un orateur hors-pair, et une figure de la Littérature : la grandeur de Coriolan est vêtue du manteau de l'excès, et du chapeau de la rhétorique. Mais on en s'y trompe pas : Shakespeare veut nous faire aimer ce personnage victime des autres, et il réussit parfaitement.
Face à Martius, une foule, une masse, un peuple divisé en deux clans qui se font écho dans leur perversité, dans leur ingratitude et dans leur machiavélisme - trois thèmes élégamment shakespeariens.
La conclusion de l'auteur ? Il faudra la lire, elle est aisément identifiable. Elle fait de Coriolan une grande pièce de théâtre (mal)heureusement méconnue, pleine de tourments, de colère, de personnages qui courent jusqu'à l'extrémité de leur passion avant de sombrer dans l'abîme, de batailles et de larmes, bref une histoire inoubliable et édifiante.
C'est déjà ça !

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Les éditions

  • Coriolan [Texte imprimé] William Shakespeare introduction, traduction et notes par Henri Fluchère
    de Shakespeare, William Fluchère, Henri (Editeur scientifique)
    Aubier / Collection bilingue
    ISBN : 9782700701975 ; 13,00 € ; 08/01/1992 ; 198 p. ; Folio
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5 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 8 novembre 2013

« DEUXIÈME CITOYEN. Mais considérez-vous les services qu’il a rendus à son pays ?
PREMIER CITOYEN. Certainement, et c’est avec plaisir qu’on lui en tiendrait compte, s’il ne se payait pas lui-même en orgueil. »

La pièce raconte les ambitions politiques d’un général très talentueux, sauveur de son pays, noble, mais qui n’a que de mépris pour le peuple.

Le problème que j’ai eu en lisant la pièce, c’est que chaque partie croit avoir raison, alors que j’ai l’impression qu’ils ont tous tort à leur façon, qu’ils font toutes les choses pour les mauvaises raisons, c’était difficile de se mettre d’un côté. L’anti-démocratique Coriolan peut bien mépriser la moutonnerie des romains, il n’est pas celui qui a le moins l’esprit changeant ! D’ailleurs, je ne comprends pas du tout pourquoi il veut tant être politicien, alors qu’il n’est clairement pas fait pour ça dès le départ. Ça aurait pu être bon et être la force de l’oeuvre si les personnages auraient été plus nuancés, moins simples. J’ai aimé quelques passages, mais ce n’est pas mon Shakespeare préféré. Dernièrement en 2011, la pièce a été adaptée au grand écran et mis dans un contexte contemporain, réalisée et mettant en vedette Ralph Fiennes.

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