Richard II de William Shakespeare

Richard II de William Shakespeare
(Richard II)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Lisancius , le 6 juillet 2010 (Poissy, Inscrit le 5 juillet 2010, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 718ème position).
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"La mémoire des choses dès longtemps révolues"

Quoi ? Personne n'a critiqué encore la plus belle des pièces historiques du plus grand des dramaturges ? Quoi ? Personne n'a voulu faire partager cette oeuvre que l'on peut considérer comme l'une des plus belles tragédies jamais écrites ?
La Tragédie du roi Richard II est la plus poétique des pièces shakespeariennes - exceptée la Tempête, naturellement -, et, paradoxalement, c'est la plus simple, la plus dépouillée. A l'intérieur, tout un monde presque indolent, un roi dont la résignation tient de la splendeur, une reine aimante et désoeuvrée, un usurpateur de papier qui assoit son autorité sur un trône abandonné, un nuage de Nobles, comtes, ducs, marquis, qui assistent, impuissants, à la chute de leur bien-aimé souverain, ou qui actionnent la trappe qui se dérobe sous ses pieds. La trame historique est simple : le roi Richard II, qui a condamné son cousin Henry de Brolinbroke à l'exil, voulant tuer son père Jean de Gand, est renversé par son cousin qui a levé une armée sous la cape. Voici de quoi on aurait pu faire une comédie, un drame bourgeois, c'est une tragédie familiale sous un clair-obscur fantasmagorique, c'est une histoire d'hommes qui réclament justice, c'est le récit d'une noblesse désoeuvrée et d'une religion impuissante ; bref, c'est une pâte malléable. On va voir ce que Shakespeare en a fait.
Richard II est une des rares tragédies du canon shakespearien à se dérouler sans violence, ou presque. C'est que la passivité de Richard II est surprenante ; c'est elle qui amène à l'oeuvre toute sa poésie ; elle est aussi un moyen d'expier son crime. Car l'acte I dévoile un roi inclément et cupide, tandis que l'acte V nous montre un Henry Brolinbroke (futur Henri IV d'Angleterre) altruiste. C'est que, au passage de ce cyclone sans vent, l'auteur fait évoluer ses personnages, et il laisse au lecteur le soin de savoir qui était vraiment coupable.
Et l'oeuvre se poursuit, inexorable, conduisant Richard aux cachots et Henri à la couronne, des soleils se lèvent, d'autres se couchent, ils jettent des lumières sur scène, et l'écheveau du temps lentement se dévide.
La mort du roi Richard II, si elle est annoncée dès le premier acte, n'intervient qu'au cinquième ; elle est un instant de poésie qui clôt une tragédie remplie d'une atmosphère mélancolique ; entre les deux actes, les personnages s'entrecroisent dans un ballet baroque et gracieux, perdant leur peine, gagnant de nouveau leur honneur. Tel est pris qui croyait prendre, après tout, puisque Richard II, ayant voulu occire le père de Brolinbroke, perd lui-même sa peine. Justice semble faite, alors.
Reconnaissons, après avoir lu la tragédie, qu'elle a un goût amer.

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Grandeurs et décadence

9 étoiles

Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 61 ans) - 24 mai 2015

Cette tragédie nous présente la dernière année de règne de Richard II... d'un roi entouré de courtisans et qui, d'erreurs en erreurs, entraîne son propre déclin... une pièce historique d'une grande poésie, où apparaît la valeur éphémère du pouvoir, ce pouvoir si réel et si virtuel, ce pouvoir qui selon les évènements glisse entre les doigts... où les rôles semblent s'inverser, la victime se faisant tyran et le tyran victime...

Une belle œuvre

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