Le zoo humain
de Desmond Morris

critiqué par Oburoni, le 4 juillet 2010
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Des hommes en ville, des animaux en cage
On compare souvent la vie urbaine à une jungle. On ne croit pas si mal dire. En fait ce n'est pas à une jungle mais à un zoo qu'il faudrait la comparer.

Le zoologiste anglais Desmond Morris nous montre ici pourquoi en s'attaquant à nos comportements de citadins, qu'il met en parallèle avec ceux de nos congénères animaux enfermés dans des cages. Les primates, nos plus proches cousins dans l'arbre généalogique du vivant, sont sur ce point un excellent miroir.

Si les villes sont une bonne chose dans le sens où elles réduisent les problèmes liés à la survie en milieu naturel ( accès à la nourriture, aux soins etc... ), tout comme les zoos les réduisent pour les animaux, une telle vie dans un tel milieu a aussi un prix. C'est que, justement, les villes -tout comme les zoos- ne sont pas des milieux naturels. Elles sont des endroits artificiels où les hommes s'enferment, se forcent à vivre parmi d'autres individus qu'ils ne connaissent pas, menant une vie basculant d'un extrême à l'autre, une suractivité trépidante ou au contraire un extrême ennui.

Rien de surprenant, dés lors, à ce qu'un tel environnement détraque l'homme-animal, affecte son comportement. La violence devient endémique, aussi bien à l'encontre des autres ( même nos propres progénitures ) qu'envers nous-mêmes, des maladies se développent ( obésité, stress... ), même notre sexualité n'est pas épargnée ( masturbation, fétichisme, homosexualité... ) etc... Autant de comportements auxquels seuls les animaux vivant dans des milieux confinés ( et non dans leur milieu naturel ) se livrent aussi.

Desmond Morris, simplement et brillamment, expose à travers ces parallèles troublants en quoi modifier notre environnement affecte nos comportements, ce qui devrait nous donner à réfléchir sur la façon dont on le modifie.
Une lecture marquante, qui vous donnera un autre regard sur la vie urbaine -sans pour autant la condamner- et les maux qui la rongent.
Intéressant, mais... 7 étoiles

Quand un homme de science, aussi brillant soit-il, et c'est le cas ici, sort de son domaine pour s'intéresser aux sciences humaines, ça craint un peu. Morris reprend les thèses développées dans "le singe nu" et les extrapole à la société humaine. Ce n'est pas inintéressant, loin de là, mais ça fait penser à une exploitation d'un filon juteux, un peu comme les suites de films à succès qui n'en finissent pas. Son meilleur livre reste le premier, comme c'est souvent le cas.

Il n'empêche que l'observation de la société humaine par un zoologiste qui prend le parti d'étudier l'homme comme il le ferait de n'importe quel animal est interpellante et sonne souvent juste. Connaître et accepter notre animalité est un pas incontournable vers notre humanité, et l'œuvre de Desmond Morris me fait penser aux travaux d'Henri Laborit sur les rats qu'il a brillamment montrés dans le film "Mon oncle d'Amérique" d'Alain Resnais.

C'est donc un livre, comme "le couple nu" du même auteur, qui s'inscrit dans le prolongement d'une réflexion brillante et drôle, même si on peut le trouver un peu daté. Il est, du moins à mon avis, nettement plus dispensable que le premier ouvrage de cet auteur.

Le rat des champs - - 73 ans - 4 juillet 2010