L'Âge de fer
de John Maxwell Coetzee

critiqué par Saumar, le 26 juin 2010
(Montréal - 90 ans)


La note:  étoiles
Sombre récit épistolaire
L’âge de fer, à travers les derniers instants d’une femme atteinte de cancer, donne à réfléchir sur cette angoissante maladie, sur la vieillesse et sur la mort. Parallèlement, J.M. Coetzee relate les tourments de la population blanche sud-africaine. Deux sujets captivants et bien structurés. La narratrice, en phase terminale du cancer, écrit une longue lettre désespérée à sa fille exilée aux USA, et lui raconte les événements brutaux qui ont lieu dans son pays. Au fil de la narration de ses derniers jours, on ne sent que douleur et désespoir. Elle ira jusqu’à faire des reproches à sa fille de l’avoir abandonnée pour qu’elle lui revienne (154). Elizabeth souffre autant dans son cœur, dans son corps que dans la situation politico-sociale de l’Afrique du Sud.

Lorsqu’Elizabeth Curren sent une douleur intense, elle a crié. Et puis un clochard est arrivé et l’a aidé à rentrer à la maison. Dès le début du récit, la narratrice décide qu’elle ne veut pas partager sa mort, qu’elle gardera le secret pour elle seule. Pourtant, au moment de sa douleur intense, elle l’a dit au vagabond. Le clochard Vercueil est devenu son confident, et son soutien malgré l’alcoolisme de celui-ci. Elle ira jusqu’à lui confier ses dernières volontés

L’héroïne compare son corps cancéreux à l’apartheid, avec la mort des enfants noirs de Guguleta. Elle vit dans l’angoisse de l’injustice commise envers tout le peuple noir. Puis, tout bascule lorsqu’elle découvre le corps criblé de balles du fils de sa domestique noire et assiste à l’exécution d’un autre adolescent.

J.M.Coetzee fait ressortir dans le récit des métaphores suggérant la mort, toujours en faisant allusion aux Sud-Africains, ce qui en fait un roman sombre. En revanche, il est écrit avec une telle humanité et lucidité, que malgré la tristesse des propos, vous ne pouvez le quitter avant la fin. Le cancer et la ségrégation raciale, deux sujets pathétiques que l’auteur livre avec justesse et compassion. J.M. Coetzee a obtenu le prix Nobel en 2003 pour L’ensemble de son œuvre.
La lumière au bout du tunnel 7 étoiles

Voila, j'ai fini hier le bouquin qui finalement n'est pas très long.

Au premier abord, j'avoue qu'il m'a laissé plutôt froid. Je n'aimais pas le personnage principal, ni les autres, et le récit me semblait inutile et pathétique. Puis, arrivé près de la moitié, j'ai eu une periode continue forcée de près de 3h de lecture (à cause d'analyses antivirales) qui ne m'a étonnamment pas ennuyée. Au contraire, après ça, le livre me semblait plus... profond. Plus intéressant, plus puissant et fort aussi, dans le lyrisme, l'introspection (car ici, il n'est question quasiment que de ça ; nous sommes dans la tête du protagoniste et l'ambiance ne change pas du début à la fin). J'en suis arrivé à entrer dans le monde de cette femme, de la suivre dans ses pensées, de vivre avec elle son mal, sa souffrance de ce monde, de sa vie, et sa vision des choses.
Alors je ne sais pas pourquoi au début je n'ai pas aimé. Peut-être était-ce une réaction au fait que ce livre me soit "imposé" dans le cadre d'un cours, qui s'est estompée par la suite...
Quoi qu'il en soit, il ne sera pas parmi mes préférés, ça non. Le livre m'a laissé froid d'intérêt vraiment profond, mais j'ai été touché, ça oui. Touché et empathique ; ici plus qu'ailleurs j'ai adopté, pris, appris la souffrance et l'état d'esprit de cette femme, je m'en apercevais en me rendant compte, après avoir lu, que j'avais cette vision, un peu calme, posée, comme étrangère à ce monde, et à la fois coupable, et actrice.

Un livre donc qui est une bonne expérience de lecture et qui cache sûrement beaucoup de puissance et de sens dissimulés qu'on ne va peut-être pas percevoir dès les premières pages.

Tommyvercetti - Clermont-Ferrand - 35 ans - 9 novembre 2010