La séquestrée de Poitiers / L'affaire Redureau
de André Gide

critiqué par Veneziano, le 21 juin 2010
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Crimes sordides et erreurs judiciaires
La justice est arbitraire et prend en compte des considérations qui la détournent de la logique. C'est un peu la morale qui ressort de ces comptes-rendus judiciaires.
L'affaire de la Séquestrée de Poitiers est connue et a fait scandale à son époque : une vieille mère et son fils ancien sous-préfet sont dénoncés anonymement pour avoir cloîtré leur fille et soeur, dans l'obscurité et dans un état de sous-alimentation, d'hygiène sordide à faire hurler le lecteur de ces descriptions à en donner des hauts-le-coeur. La mère, veuve d'un universitaire, meurt pendant l'instruction. Seul le frère peut comparaître pour complicité.
Au final, au regard de l'état mental de la victime, son isolement a été justifié, pour la cour d'appel, malgré la condamnation en première instance ; il ne pesait pas de charge particulière à son encontre.
Il n'y a donc pas de mise en danger de la vie d'autrui, ni d'abus de faiblesse, et personne ne s'est ému de la disparition de la jeune femme pendant plus de vingt ans.

La seconde affaire met en scène un adolescent qui a décimé la famille qui l'employait avec un outil contondant à usage agricole. Les jurés ont chargé la barque et le condamnent à la peine maximale, sans tenir compte de son manque de discernement.

Dans les deux cas, l'auteur qui ne fait que relater les étapes de la procédure se complaît dans les descriptions ignominieuses, le glauque et le malsain. Il ne prend pas partie : il jette en pâture ces pathologies judiciaires. L'effet est garanti, mais le débat reste ouvert, sans analyse.
Ces écrits ne sont pas sans intérêt, mais leur lecture est tout de même malaisée. Des commentaires auraient aidé le lecteur dans sa démarche de découverte et d'analyse.