Dictionnaire de la mauvaise foi musicale de Josselin Bordat, Basile Farkas

Dictionnaire de la mauvaise foi musicale de Josselin Bordat, Basile Farkas

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Musique

Critiqué par Numanuma, le 27 mai 2010 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 6 étoiles
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En toute bonne foi, c'est génial!

Il y a, dans la pièce de Jean Anouilh, Colombe, cette phrase : « ce qui est beau, c’est ce que j’aime », prononcée par l’héroïne alors qu’elle couvre son mari de reproches, qui la soupçonne de le cocufier dans les grandes largeurs.
Remettons les choses dans l’ordre, ce qui est beau, c’est ce que MOI j’aime, ce qui implique que ce qui n’est pas beau, c’est ce que JE n’aime pas. En toute objectivité !
Et si vous n’êtes pas convaincu de mon absolu bon goût en matière de musique, si vous n’entrevoyez pas les lumières de la vérité qui transcendent chacune des lignes que j’écris pour vous, bande de béotiens incultes, jetez-vous sur ce magnifique ouvrage, le Dictionnaire de la mauvaise foi musicale, signé Basile Farkas, plume chez Rock & Folk, un gage de qualité donc, et Josselin Bordat qui, s’il possède un prénom très laid, est musicien, journaliste et spécialiste de l’eurodance…
Bon, le principe n’est pas nouveau, allez chercher à la bibliothèque le Dictionnaire des idées de reçues de Flaubert et vous comprendrez que le détournement des définitions de manière à appuyer là où ça fait mal, de manière à ridiculiser les pédants, n’est pas chose nouvelle.
Ici, vous l’aurez compris, c’est le petit monde de la musique qui est pris pour salutaire cible. Il faut dire qu’il y a de quoi faire dans cette matière où les chapelles et les querelles de clochers sont légions et où la compréhension des distinctions subtiles entre les diverses catégories de « metal », par exemple, relève de la thèse universitaire !
De à, Abba, à Z, ZZ Top, nos deux compères ébranlent toutes les convictions, shootent allègrement dans les ridicules et les travers des stars, de leurs managers, de leurs fans, de leurs amis et ennemis, de leurs observateurs, etc.… Soyons, enfin, non, soyez honnêtes, qui n’a jamais lu que tel groupe est séminal, que tel autre est post-quelque-chose, que Machin est jusqu’au-boutiste ? Nous vivons avec un vocabulaire figé par paresse probablement mais aussi, peut-être, parce que lancer des nouvelles pistes de recherche est ardu, déstabilisant et, allez savoir, contreproductif… Alors oui, les Stooges auront toujours pour chanteur un Iguane et Bob Dylan sera toujours le Zim.
Ceci posé, c’est bien pratique parce que cela permet de s’en moquer et que c’est toujours salutaire ; alors, moquons-nous et d’abord de nous-mêmes, oui j’aime parler de moi avec le nous de Alain Delon :

Perfecto : également appelé ridiculo (p. 119)

C’est vrai, j’ai un perfecto, enfin une copie, j’avais pas 3000 francs dispos à l’époque, depuis 1993. On pourra pas dire que je suis une fashion victim au moins ! Mais si j’aime ça, c’est que c’est bien, donc, fuck you !
De même, j’ai beaucoup, beaucoup aimé, mais j’étais jeune :

Kylie : chanteuse que je n’arrive pas à faire sortir de ma tête (p.81)

Bref, bref, bref, cela est très drôle, très intelligent, cela est bel et bon pour l’esprit parce que cela fait rire ! Chaque chapitre correspond à une lettre, c’est un dico, tout le monde suit, et chaque lettre est illustrée par une citation de bon aloi, parfois deux comme à la lettre D, qui nous fait toucher au sublime :

Une limite ne se touche pas (Jacques Derrida, philosophe)
No no no no, no no there’s no limit (2Unlimited, groupe d’eurodance)

A côté de ça, j’ai un peu l’impression de lire une nouvelle mouture d’un autre dico sur le même thème déjà chroniqué ici-même en décembre 2006: Le Dictionnaire snob du rock. La thématique est la même mais l’objectif est un peu différent : le Dictionnaire snob est plein de véritables informations utilisables traitées avec humour. Le Dictionnaire de la mauvaise foi est plein d’humour mais ne contient pas d’information ou alors en creux, des infos cachées, cryptées, compréhensibles par un public d’initiés probablement lecteurs de Rock & Folk. Les deux bouquins sont donc complémentaires mais le Dictionnaire de la mauvaise foi musicale a pour lui un avantage, c’est que l’on peut y revenir sans cesse, il sera toujours valable, il n’y a qu’à ouvrir une page au hasard, piocher une ou deux définitions pour être ensuite capable de vous moquer gentiment et sans en avoir l’air de votre vieux pote qui aime le rock progressif…

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