Mémoires de Soeur Lucie
de Lucia de Jesus dos Santos

critiqué par Bernard2, le 22 mai 2010
(DAX - 75 ans)


La note:  étoiles
Troublant
Que l’on soit croyant ou non, les évènements de Fatima en 1917 ont eu un retentissement tel que l’on ne peut rester indifférent.
Lucie, la plus âgée des trois enfants a consigné par écrit, sur ordre du clergé, ce dont elle s’est souvenu. C’est dans ce sens strict qu’il faut comprendre le mot « Mémoires » du titre.
Les faits rapportés ont-ils vraiment eu lieu ? La réponse se trouve sans doute plus au niveau de la foi que des preuves. Mais trois enfants, très jeunes, vivant dans des familles modestes, et d’un niveau culturel bas ne peuvent pas tenir seuls un langage structuré et traitant de sujets qu’ils sont dans l’incapacité de comprendre. Et à fortiori ils ne peuvent avoir tout inventé.
On a parlé, et l’on parle encore, des « trois secrets ». En fait, il s’agit d’un message en trois parties dont une seule, la dernière, ne devait pas être révélée avant une certaine date (ce sera en l’an 2 000).
Ce qui trouble dans ces révélations, c’est la violence des propos. On est ici dans des menaces terribles. Si les hommes continuent à offenser Dieu, presque tous iront en enfer (une partie du « secret » donne une vision particulièrement horrible de l’enfer). Mais pour sauver les âmes des pécheurs, Dieu recommande aux croyants de s’infliger des souffrances… Jacinthe, la jeune cousine de Lucie, recherchera continuellement les souffrances : se priver de boire en pleine canicule, se frotter avec des orties, se blesser jusqu’au sang en serrant une corde autour de sa taille, etc. Lucie écrit, en parlant de sa cousine : « Elle me parla avec enthousiasme de Notre Seigneur et de Notre Dame, et me dit – J’aime tellement souffrir pour leur amour et pour leur faire plaisir ! Ils aiment beaucoup ceux qui souffrent pour la conversion des pécheurs ».
De tels propos, souvent répétés, laissent perplexes…
Le second « secret » se rapporte à la Russie. Pour empêcher une autre guerre (donc la seconde guerre mondiale, rappelons que l’on est en 1917), la Russie doit être consacrée au Cœur Immaculé de Marie. Sinon, les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Jean-Paul II accédera à cette demande… en 1984 !
Le troisième, et seul véritable secret, parlait dans un langage symbolique de l’attentat dont sera victime Jean-Paul II. Le pape demandera d’ailleurs à Sœur Lucie de livrer sa propre interprétation sur cette prophétie.
A la fin d’un tel livre, on se pose plus de questions qu’à son début. Et bien sûr d’abord celle-ci : quels péchés en particulier commettent les hommes pour être si nombreux à aller en enfer ? Il n’y a semble-t-il pas eu la moindre précision sur ce point au cours des différentes apparitions. Jacinthe a bien essayé, dans son innocence d’enfant, de fournir un semblant de réponse. Mais ses propos sont manifestement puérils, ils n’apportent rien.
Et autre question, bien sûr : que faut-il faire pour aller dans le sens de la demande divine ? Lucie transmet en réponse le message qu’elle a reçu au cours d’une apparition : « Dis qu’à tous ceux qui pendant cinq mois, le premier samedi se confesseront, recevront la Sainte Communion, réciteront un chapelet, et passeront quinze minutes avec Moi en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme ». L’Eglise rappelle-t-elle souvent cette demande expresse ?
Un livre dense, à méditer longuement, et qui peut grandement nous aider dans la voie que nous voulons suivre. Mais qui ne peut, seul, nous servir de véritable guide.