Charlotte Gainsbourg mon amour
de Fabrice Tarrin

critiqué par Shelton, le 14 mai 2010
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Moi aussi, je l'aime bien... cette bédé, bien sûr !
Fabrice Tarrin a pris l’habitude de se raconter, de nous raconter, à travers une famille de lémuriens, à travers un lémurien dans lequel il s’incarne avec visiblement beaucoup de plaisir... Tout est parti d’un blog ! Oui, c’est bien là que se situe la nouvelle aire de liberté pour un grand nombre de jeunes auteurs de bandes dessinées. Pour tenter l’expérience, pas besoin d’argent ni d’éditeur, on peut même y trouver des lecteurs ! Quant au lémurien, on finit par s’y habituer et c’est même avec joie qu’on le retrouve dans ce très bon petit livre, « Charlotte Gainsbourg mon amour ».

Si vous cherchez une biographie de Charlotte Gainsbourg, vous devrez aller chercher plus loin, car ici, ce n’est absolument pas l’objectif de l’auteur qui a plutôt envie de raconter une tranche de vie, celle où il a été amoureux de Charlotte Gainsbourg, tout simplement… c’était il y a longtemps…

Le ton est alerte et tonique, car le lémurien ne perd pas son temps en philosophie absconde. Non, ici, tout est concret et on finit par mourir de rire…
« Mémé, j’ai un problème… des fois, j’ai le zizi qui grossit et qui devient tout dur… »
« C’est normal… c’est parce que tu grandis… »
« … »
« Oui, mais non ! Parce qu’après il redevient petit… »
Oui, l’existence est quand même bien délicate pour le petit lémurien. Même quand il grandit tout ne se simplifie pas…
« Depuis que je n’ai plus l’âge de me coucher à 21h00, tous les soirs je regarde la télé. C’est notre seule occupation après le dîner, avec ma mère, mon frère et dorénavant… mon beau-père. Pour moi le monde se divise en deux catégories : ceux qui regardent la télé tous les soirs à heure fixe et ceux qui sont dans la télé. Je veux faire partie de ceux-là, ils ont l’air beaucoup plus cool. Ils rigolent, ils chantent, ils jouent… et, surtout, ils ne sont pas assis devant leur télé comme des cons. »

C’est ainsi, assis devant sa télé, que le jeune lémurien devient amoureux de Charlotte Gainsbourg. En lisant France-Soir, oui, en ces temps lointains, un jeune pouvait lire le journal, il apprend qu’elle fréquente le collège Molière… L’amour va donc pouvoir se concrétiser !

Chacun découvrira en quoi cet amour éperdu sera exceptionnel… et classique. Oui, nous avons tous été amoureux d’une grande vedette même si toutes ne chantaient pas « Lemon incest »… Mais, il serait faux de limiter ce très bon récit intimiste à une relation amoureuse. On y voit surtout un jeune passer de l’enfance à l’âge adulte avec tout ce que cela a de drôle, de triste, de risqué…

Je dois donner un petit coup de chapeau pour certaines scènes comme le bouddhisme de maman que j’ai trouvé désopilant… sans oublier l’excursion chez les rosicruciens…

La narration graphique est souple, tonique et plaisante. Une fois que l’on a ouvert cet ouvrage on est tout simplement condamné à le lire en entier, ce que j’ai du faire, en pleine nuit, un jour d’insomnie. J’ai trouvé dans cette lecture une énergie qui m’a donné tant de plaisir que je me suis écroulé, ensuite, du sommeil du bienheureux…

Alors, pour ceux qui ne connaissent pas encore Fabrice Tarrin, il vous reste plusieurs solutions : soit vous commencez par la lecture de Charlotte Gainsbourg mon amour, soit vous recherchez immédiatement le Journal intime d’un lémurien, soit, enfin, vous allez le découvrir sur Internet : http://www.fabricetarrin.com/blog.
En tous cas, bonne lecture à tous et trouvez là autant de plaisir que moi !