Projections privées de Raymond Plante

Projections privées de Raymond Plante

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Clo7, le 14 mars 2002 (Charleroi, Inscrite le 15 octobre 2001, 24 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 342ème position).
Visites : 4 061  (depuis Novembre 2007)

L'absence

Michel Laurier, architecte dans la cinquantaine, perd sa femme dans un accident de voiture. La soudaineté de l’événement le laisse sans ressource car rien ne bouleverse davantage que la perte d'un être cher. Brisé par la douleur, il quitte son emploi et part à la recherche de ses souvenirs. Il veut comprendre. Les sous-entendus des uns, les petits mots retrouvés dans le portefeuille de la défunte, la présence de trois cassettes VHS l'interrogent. Etait-elle lesbienne ? Menait-elle une double vie ?
Il décide de rencontrer sa rivale, la partenaire de tennis de sa femme, conductrice du véhicule au moment de l’accident. Il va l'aider dans son projet de retrouver son frère disparu et tenter de mettre en place les pièces manquantes du puzzle.
Projections privées n’est pas une recette pour vivre son deuil. Son roman s'intéresse surtout à la vie qui suit et poursuit son cours. Une narration de l'intérieur tout en nuances et en émotions qui s'achève sur une note d'espoir Le livre est une réflexion sur la tolérance et l'acception des autres. Un roman dont on lit le récit avec une curiosité soutenue car l'auteur a su, dès le départ, susciter l'intérêt du lecteur.

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Sur le deuil

7 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 10 janvier 2005

Les œuvres de Raymond Plante démontrent beaucoup d’humanité. Les héros, comme ceux de Jacques Poulin, sont souvent des hommes d’une grande bonté. En somme, des êtres attentifs à ce que vit autrui.

Dans Projections privées, Michel Laurier, un architecte qui approche la cinquantaine, perd sa femme France dans un accident de voiture. Depuis vingt-six ans, ils formaient un couple heureux, résidant à St-Lambert en banlieue sud de Montréal. Deux enfants naquirent de ce mariage, survenu alors que les parents entamaient la vingtaine.

L’auteur parcourt rapidement ce qui entoure tout décès pour atteindre l’angle dans lequel il veut placer son roman. On ne peut se tourner vers l’aval sans que l’amont soit débarrassé des digues qui retiennent l’eau nourricière. Dans le premier volet de ce diptyque, le héros revisite la vie qu’il a menée avec France en visionnant les cassettes VHS, témoins de leur bonheur. Dans le deuxième volet, il s’attaque aux soupçons apparus quelque temps avant la mort de sa femme, et qui laissent croire qu’elle menait une double vie. Elle aurait été l’amante d’Anouk, sa partenaire au tennis, sport dans lequel elle excellait. Le suspense du roman tourne autour de cette enquête, un tantinet policière, visant à établir la véracité de cette allégation ou à la réfuter. Approcher cette sportive qui détient les clés de l’énigme demande du doigté. Il parvient quand même à l’apprivoiser suffisamment pour lui proposer de l’accompagner à Sept-Îles, où l’amante doit se rendre pour régler l’héritage de son père avec son frère disparu depuis dix ans.

En parcourant les 800 km qui séparent cette ville de Montréal, Michel et Anouk auront le temps d’ériger les ponts pour que la vie redevienne un long fleuve tranquille. La 138, la route qui longe la rive nord du Saint-Laurent, celle-là même suivie par le héros de Jacques Poulin dans La Tournée d’automne, se présente comme celle des rapprochements. La magie de la région de Charlevoix opère encore sur les cœurs en échappe. Ici, la route n’assure pas la fuite devant l’adversité, mais elle provoque les retrouvailles nécessaires pour la suite du monde.

C’est un roman profondément humain, un cri de ralliement pour que tous vivent en paix avec sa conscience et avec autrui. Intelligemment charpenté, Projections privées raconte, sans bavardage inutile, l’univers de deux femmes au tempérament bien défini. Avec art, Raymond Planté a levé un pan qui nous confronte au problème du deuil. Ce roman n’est pas un grand millésime, car l’auteur aurait pu creuser davantage le désarroi causé par la disparition des êtres chers, mais c’est un bon petit vin qui accompagne bien une journée pluvieuse.

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