L'Ombre du boxeur
de Eduardo Berti

critiqué par Camarata, le 30 avril 2010
( - 72 ans)


La note:  étoiles
à l’ombre du père
Dans une famille de la petite bourgeoisie argentine, un père, petit fonctionnaire aux archives du congrès, raconte tous les soirs à ses trois fils, les aventures quotidiennes d’un voisin, Justino, ancien boxeur devenu serrurier –horloger.
L’histoire de Justino recoupe celle du matriarcat maternel, composé de deux vieilles tantes emmurées dans un conflit irréversible et de leur imposante pendule. La pendule cathédrale semble aux yeux des trois enfants détenir le secret, le secret des adultes et de leur comportement irrationnel. Dans ces récits quotidiens, le père initie tout en finesse les garçons à l’univers du dehors, de la boxe, de la virilité, de l’adversité, en désaccord avec leur mère qui tient ce sport pour vulgaire, trivial et dangereux. Cela met en évidence l’opposition masculin –féminin qui existait encore dans les années 70, pas d’une manière négative car le père est un être excessivement doux et aimant, mais plutôt comme un des matériaux de construction de la personnalité des trois garçons. Il se dégage de ce livre une nostalgie, un amour profond des enfants pour ces deux êtres un peu étranges qui s’avèrent être leurs parents. L’aspect politique intervient très peu, en arrière fond, si l’auteur évoque la propension très commune des êtres humains à détourner la tête pour préserver leur intérêt, c’est avec fatalisme, sans moraliser. Un superbe roman qui met en scène une époque, une vie familiale presque révolue.