Bashung(s), une vie
de Marc Besse

critiqué par Bookivore, le 22 avril 2010
(MENUCOURT - 41 ans)


La note:  étoiles
"Je serai toujours cet étranger au regard sombre/Un rebel dans vos villes de contrastes" - "Rebel"
Alain Bashung, mort le 14 mars 2009, était indéniablement un des plus grands chanteurs/artistes français non seulement de sa génération, mais en général. L'égal d'artistes comme Gainsbourg (avec qui il a collaboré pour "Play Blessures" en 1982, Gainsbourg lui ayant signé les paroles de l'album), Christophe, Gérard Manset (qui lui a signé certains titres de "Bleu Pétrole, en 2008)... Mon artiste français préféré, par ailleurs.
Ce livre, biographie signée Marc Besse, préfacée par Jean Fauque (qui a signé une grande partie des chansons de Bashung, de 1989 à 2002) et agrémentée de 47 photos inédites en couleurs ou n&b, au milieu, est remarquable. De l'enfance et l'adolescence de Bashung à sa mort tragique, en passant par ses difficiles débuts (milieu des années 60, quasiment tout le monde se contrefout de ce chanteur signant alors de son vrai nom, avec un C - Baschung - et accumulant les bides en singles) et l'ensemble de ses albums, qu'ils soient des succès ("Fantaisie Militaire", "Pizza", "Osez Joséphine") ou des échecs commerciaux ("Novice", "Figure Imposée", "Play Blessures"). Sans oublier les rencontres : Boris Bergman, Gainsbourg, Fauque, Colin Newman, Manset, Miossec, Gaëtan Roussel...
Un fan de Bashung ne pourra qu'apprécier, et pour les autres, qui sait, ça vous donnera sûrement envie de découvrir l'univers souvent torturé, toujours magnifique, de ce chanteur hors-normes, rockeur à la française toujours en quête d'innovations.
Délaissant les grands axes. J'ai pris la contre allée. 10 étoiles

Ancien journaliste aux Inrockuptibles, Marc Besse est également l'auteur de biographies d'artistes célèbres; "Bjork" (J'ai lu, 2004) "Noir Désir" (J'ai lu, 2002).
En 2009, "Bashung(s), une vie" (Albin Michel) devient très rapidement un succès de librairie.

"C'est pénible de devoir raconter sa vie à chaque sortie d'album. Si au moins elle était rose ... " . Exercice d'autant plus délicat qu'Alain Bashung est un hyper timide, discret et silencieux.
L'auteur parviendra à le suivre dans sa carrière, l'accompagnant pendant plus de 30 ans au fil des galères et d'une tardive consécration.
De son enfance alsacienne (1947), élevé par sa grand-mère, de père inconnu; le "petit bâtard" sait que faire de la musique est une évidence.
Loin de la machine à fabriquer du sirop romantique; se faire une place est quasi mission impossible dans les années 60. Alors, il y concède un peu comme un variéteux opportunistement rock.
Bashung est un avant-gardiste qui sait s'entourer. Jean Fauque, Daniel Tardieu, Boris Bergman, Gérard Manset et Gaëtan Roussel lui fourniront le matériau pour transformer la pop en émeraude.
Bashung carbure aux sons essentiels de l'Amérique depuis sa tendre enfance et il rêve de l'accoupler avec la jungle de la langue française.
Cela donne des pépites à jamais gravées dans les mémoires:

"tu m'as conquis j't'adore" (SOS Amor)

" Et que ne durent que les moments doux
Durent que les moments doux
Et que ne doux... " (Osez Joséphine)

" Je suis indien. Je suis un Apache. Auquel on a fait croire que la douleur se cache" (Je tuerai la pianiste)

Bien loin de "Gaby,Oh Gaby" ...Bashung est un surréaliste, amoureux des mots et de la langue française. Un artiste qui n'a jamais voulu rester sur l'autoroute des succès faciles orchestrés par la communication massive.
Un artisan du rock qui a su conquérir un large public .
Nul doute qu'il continuera à "faire la saison dans tant de boites crâniennes" (La Nuit Je Mens)

Frunny - PARIS - 58 ans - 8 juillet 2013