L'Histoire du scorpion qui ruisselait de sueur
de Akram Musallam

critiqué par Sahkti, le 14 avril 2010
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Derrière le miroir, la Palestine
Akram Musallam, dont c'est ici –si je ne me trompe pas- le premier roman traduit en français, est palestinien et journaliste. Dans ce texte court et dense, il livre de puissantes métaphores de la situation actuelle en Palestine grâce aux images de scorpion qui hantent ce livre.

Tout commence avec une rencontre fugace, une parisienne croisée dans une boîte de nuit israélienne et aimée le temps d'une nuit; elle avait un scorpion tatoué dans le bas du dos. Depuis, le narrateur rêve régulièrement d'un scorpion bleu tentant vainement d'escalader un miroir. Phénomène étrange, songe insolite qui finit par donner naissance à d'autres scènes avec cet animal, décrivant chacune de manière détournée la situation dans les territoires occupés et l'impuissance ressentie face à des accords de paix jamais appliqués. Impuissance et colère aussi devant tant de gâchis, de vies brisées et de fausses promesses. Sans parler des silences complices. Les différents chapitres de l'ouvrage, datés, créent une structure qui tient en haleine et permet de parcourir l'histoire des uns et des autres via une double lecture; ce qui se dit et ce qui se devine. Ce qui paraît absurde, ce qui l'est beaucoup moins. Pas mal d'humour dans les lignes de Musallam car après tout, c'est aussi comme cela que l'on survit et c'est ce qui permet de prendre pleinement conscience, si besoin en était, de la bêtise humaine et de la force qui peut animer l'espoir qui nourrit une nation.