Personne
de Gwenaëlle Aubry

critiqué par Jfp, le 3 avril 2010
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans)


La note:  étoiles
tout sur mon père
Comment parler d'un père qu'on a très peu connu, dont la vie est longtemps restée pour vous un mystère? Ange? Démon? Le maudire? Lui pardonner? La narratrice a choisi la voie d'un dialogue imaginaire, alternant ses propres souvenirs avec les notes écrites au fil du temps par ce père absent, retrouvées dans ses affaires après sa mort. Chaque chapitre prend pour titre un personnage (au hasard: Jean-Pierre Léaud, Dustin Hoffman, un flic, un clown) auquel le père a pu ressembler au cours de ses métamorphoses. Fragile, il avait pourtant tout pour lui, l'intelligence, la beauté, celle du corps et celle du coeur, mais il était habité par un constant mal de vivre, sans jamais la petite étincelle qui vous rend heureux d'exister et vous permet d'aimer. Ses périodes "fastes", ses amours et ses métiers, entre séjours psychiatriques et clochardise, n'ont jamais été que des faux-semblants, des tentatives désespérées pour exister aux yeux des autres, de ses enfants en premier. Remarquablement bien écrit, ce court roman vous prend à la gorge, et la communion est totale avec les deux personnages. On souffre, on rit avec eux. Que demander de plus à un roman?
Un roman abécédaire original 8 étoiles

Sous cette forme d’écriture, l’auteure détricote un manuscrit inachevé de son père. Elle décrit admirablement la difficulté de vivre auprès de ce père maniacodépressif. Sa fille, l’auteure, associe à chaque lettre de l’alphabet un personnage ou un qualificatif illustrant ce père. Elle essaye à travers ce roman d’entrer dans le mental de cet individu, ce père qu’elle aurait aimé qu’il fut ordinaire. Elle exprime toute la difficulté d’être sa fille.
Un beau témoignage sur ce père étranger au monde et à lui-même.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 27 janvier 2012