Les cris
de Claire Castillon

critiqué par Garance62, le 29 mars 2010
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Le monstre a fait fuir le naturel
Il est bien difficile de faire une critique qui ne veut pas dénigrer (de quel droit?), pas enlever à un futur lecteur le possible plaisir de sa lecture, alors j'ai essayé d'écrire quelques mots en essayant de faire la part des choses.

Premier livre que je lis de Claire Castillon. Sans doute le dernier. Emotionnellement, je suis restée en dehors.

L'histoire ? Celle d'une rupture. Pas la première. Pas la dernière. La femme quittée.
A quel moment un amour part-il en vrille ? Un moment. Bien identifiable. Bien identifié. A partir de ce moment, un dédoublement s'opère dans la tête de la narratrice. Il y a le « monstre » froid qui décrit, qui soupèse les évènements, de manière clinique, mathématique. Et il y a l'autre, celle qui a existé, rit et vécu dans cette histoire d'amour qui se termine.
Pour éviter de souffrir, la narratrice, d'une sensibilité exacerbée qui peut prendre se confondre avec une folie douce mais heureusement passagère, installe la distance entre elle et elle. Le dédoublement peut opérer : « Je veux transmettre au monstre la rupture sans avoir à la vivre. Le monstre joue sous ma peau. Qu'il profite ! Je lui cède la place. Je vais regarder la fin du film à distance, comme au spectacle, sur un strapontin. »

Le style ? C'est cassant, brutal, haché, c'est à la limite de la violence scripturale. Mais c'est aussi parlant, sensible, fouillé, décortiqué. Par moments. Ce n'est pas banal. Mais ce n'est pas du tout ma sensibilité. Et puis, certaines phrases sont restées des énigmes. Reste que c'est une écriture pas ordinaire, chamarrée, colorée de mots forts, d'images originales. Pour moi y a manqué le naturel. C'est trop dans le trop réfléchi.

La note est toujours un problème en soi. Aimer certains passages, se dire que là, à certains moments, oui, c'était bien. Mais ça ne suffit pas ! Un trois ? Mais j'aurais aussi pu mettre un deux.