Putain d'usine
de Jean-Pierre Levaray (Scénario), Efix (Dessin)

critiqué par Zenith, le 17 mars 2010
( - 36 ans)


La note:  étoiles
L'adaptation d'un roman sur le monde ouvrier
Ouvrier dans une usine classé comme dangereuse car traitant des produits à risque, Levaray raconte son quotidien. Tous les jours les mêmes questions. Pourquoi je viens perdre ma vie dans cette usine? Pourquoi je ne pars pas ailleurs? Des réponses peuvent se retrouver quand une grève se met en place. Quand on voit que les collègues aussi n'en peuvent plus. Quand on remarque qu'il existe encore une entente entre les ouvriers. Pourtant tout devient vite comme avant. La mort fréquente des ouvriers est là pour le rappeler. L'alcool, les accidents, les cancers, "c'est dans les statistiques : les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres". Levaray est un utopiste, un anarchiste qui veut voir la fin des classes. Pourtant ses rêves sont de plus en plus loin. Il retrouve pourtant l'énergie de rebondir.
Jean-Pierre Levaray est militant. Il est syndiqué, pour s'investir et se soulager de toute la souffrance qui l'entoure. Il raconte ainsi les rencontres avec le DRH, les plans sociaux, les manifestations au bureau de la direction nationale. De par son implication, Levaray nous montre toutes les facettes de la vie d'usine, de la salle de commande au bureau du chef de ce grand groupe pétrochimique. Un soixante-huitard qui nous prouve, par l'édition de son livre, que l'on doit toujours espérer.

Putain d'usine est un roman paru en 2002, roman que je n'ai pas lu. Je parle ici de sa forme bédé. Efix, jeune dessinateur grenoblois a mis en images ce roman-documentaire. Le message ne passe que par des dessins en noir et blanc. Suivant les chapitres et les histoires, Efix change de style. Pour une mort le noir sera très présent, contrairement à "l'apéro". A ce jeu de noir et blanc s'ajoute le traitement des images. Parfois griffonnées au fusain, les images peuvent être aussi retravaillées par ordinateur. Le résultat étant un jonglage entre le brouillon et le léché. Un exercice qui accompagne toute la force du texte.