Sharon Tate ne verra pas Altamont
de Marc Villard

critiqué par Sahkti, le 5 mars 2010
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
1969, année de tous les dangers
Trois faits divers sombres servent de trame au roman de Marc Villard.
Tout d'abord la noyade de Brian Jones, ex-guitariste des Rolling Stones, le 2 juillet 1969, dans la piscine de son manoir.
Puis le 9 août 1969 à Los Angeles, le tristement célèbre massacre perpétré par La Famille de Charles Manson dans la villa de Roman Polanski. Acte barbare lors duquel son épouse, enceinte, Sharon Tate, trouvera la mort.
Enfin le concert des Rolling Stones à Altamont le 6 décembre 1969, qui voit se regrouper 300.000 fans déchaînés et défoncés. Meredith Hunter, un jeune noir, est poignardé par un Hell's Angel, ce groupe ayant été chargé de la sécurité du concert et n'hésitant pas à user d'une force violente pour y parvenir.

1969 année érotique? Rien de tout cela dans le bouquin de Marc Villard, vif et bien mené, qui retrace davantage les errances d'une jeunesse qui se cherche, à l'aube des années hippie, à travers la violence et le LSD.
Des photographies et coupures de journaux d'époque illustrent le propos de l'auteur qui nous offre un docu-roman intéressant à plus d'un titre. D'abord pour l'aspect factuel, la plongée dans cette époque déjantée où tout semblait permis. Ensuite pour la qualité d'une écriture qui se veut trépidante, presque en temps réel pour faire revivre ces moments forts au lecteur, tout en jouant la carte de la fiction.
En retraçant l'histoire de Sheryl, jeune strip-teaseuse paumée qui participa au massacre du 9 août, Marc Villard dresse le portrait d'une époque et d'une population morte avant d'être en devenir. La désillusion est au rendez-vous alors que pourtant, l'espoir est au bout des doigts. N'oublions pas que c'est en 1969 qu'on a marché pour la première fois sur la lune, or cet exploit porteur d'utopie ne transcende pas la vie des ces êtres en quête d'eux-mêmes.
C'est une histoire sombre et en même temps profondément humaine, avec en toile de fond une musique incessante (celle des Stones bien sûr, du rock and roll, mais pas que cela) dont les notes se déclinent au fil des destins. Le personnage de Sheryl est attachant; avec elle s'éteignent certaines de nos envies les plus folles. C'est aussi en cela que le roman de Marc Villard est à lire. Parce qu'il y a un peu de nous dans ces destinées fracassées.