Ce que je crois - Lettre ouverte à une jeune fille morte
de Gilbert Cesbron

critiqué par CC.RIDER, le 25 février 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Vérités universelles et immémoriales
Il ne faut pas se fier au titre de ce livre. Il pourrait laisser penser qu'il s'agit d'une sorte de credo ou d'une profession de foi de converti. Il n'en est rien. Sur treize chapitres, onze ne font aucune référence à Dieu. L'auteur essaie seulement de dégager de grandes tendances communes aux hommes de tous temps et de tous pays, des vérités universelles qui seraient gravées en eux et que notre époque ignorerait. (Le livre date de 1968, période de bouleversements sociétaux s'il en fut). L'ambition de Cesbron était que tout homme, croyant ou non, puisse adhérer à ses propositions qui sont tout sauf un catéchisme. Point de préchi-précha chez lui. Cependant, à la fin de l'ouvrage l'auteur qui rejette l'étiquette d'écrivain catholique et lui préfère celle de chrétien qui écrit des livres, explique pourquoi le christianisme, qu'il n'a pas toujours connu, lui semble correspondre à ces vérités universelles et immémoriales. Une magnifique démonstration qui montre qu'en plus d'avoir été un brillant romancier, il fut également un essayiste de talent.
La seconde partie de l'ouvrage "Lettre ouverte à une jeune fille morte" pourrait constituer un court roman à elle seule. Un homme d'un certain âge veille une jeune fille qui vient de se suicider. Il cherche désespérément à savoir "pourquoi on se tue à vingt ans, la veille de l'été, quand on a tout pour soi." Et il va en conclure que peut-être nous sommes tous un peu responsable de cet acte, que cette époque et cette société sont antagonistes à tout ce qu la jeune fille incarne, qu'elles personnifient même la ruine de nos âmes. Terrible réquisitoire contre les dérives de notre temps, méditation profonde sur la vie et la mort, ce texte du grand romancier pétri d'humanité est autant marqué par la colère que par la compassion. Dérangeant et bouleversant pour le lecteur...