Nos Amériques
de Stéphane Bouquet

critiqué par Bovemma, le 19 février 2010
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Stéphane Bouquet livre ici encore un recueil d'une intensité bouleversante.
Nos amériques est "l'histoire d'un séjour : à New York peut-être...", annonce Stéphane Bouquet.

"Dans le pays où je viens de m’arriver..." Oui, écoutons un instant son inimitable langage, ces proèmes qu'il rythme savamment lorsqu'il les donne à entendre, au cours de lectures.

"Dans le pays où je viens de m’arriver

par exemple, le 1er jour, sur le ponton de bois aménagé
bancs & tout lavé sombre par la pluie

personne sauf 2, 3
joggings obsédés

une méduse molle de lumière
tombe & mélange

la boue du fleuve et celle soufre
du ciel, donc les coureurs à l’ipod, idem les gens

des anciens paysages re-
respirent dans le poumon sépia des choses, la statue

liberté aussi s’enfonce
torche la 1ère & s’efface

on dirait dans tu vois la cohue récupérée des morts
& tout leur vacarme de revivre

le 2ème jour, des voix de
2 adolescents

vacillantes c’est leur
coming of age / leur à leur tour débarquement dans d-day affolé, leur

vie n’est pas n’a pas
encore décidé, ils sont où aller?

là des gestes qu’on meurt d’envie ils se
parlent

leur anglais en équilibre
parfois aigu

s’avance très avant très sans crainte vers
le visage offert de mon

infrontière (...)"

Ce nouveau recueil de Stéphane Bouquet porte au plus haut degré une voix lyrique travaillée de l'intérieur par un modernisme discret et parfaitement digéré (parce que, de façon sous-jacente, théorisé), lequel entrelacement donne à la sensibilité poétique de l'auteur ainsi matérialisée une splendeur moderne qui rappelle combien la poésie contemporaine peut être autre chose qu'un jeu parfois ludique parfois vain autour des formes décadentes d'une modernité prétendument indicible.
Poésie cacophonique et verbeuse comme un long bavardage... 3 étoiles

Je n'aime pas poster un commentaire pour "descendre" un livre mais il me semble utile de nuancer la critique principale dithyrambique. Personnellement, je n'ai pu achever la lecture de ce recueil qui se présente comme une cacophonie de voix superposées et un brouhaha de styles, comme si l'auteur cherchait à épuiser toutes les possibilités d'écriture de la poésie contemporaine. Certes, la composition anarchique se prête bien au propos de l'auteur, qui cherche à rendre compte du fourmillement des grandes mégalopoles et, dans un mélange de franglais et de syntaxe explosée, du rythme trépidant de nos vies accélérées par les nouvelles technologies et les média sociaux. Néanmoins, malgré le talent d'écriture de l'auteur qui sauve partiellement l'ouvrage de la médiocrité, on ressent rapidement une grande lassitude et une impression de vacuité verbeuse, comme si nous étions perdus dans une foule d'inconnus prétentieux (plutôt typés jeunes hipsters) lancés dans d'incessants bavardages et longs monologues... Je serai d'ailleurs curieux de savoir si Bovemma, l'auteure de la critique principale, est allée au terme de sa lecture (le poème recopié étant le premier du recueil).

Eric Eliès - - 49 ans - 21 janvier 2016